Quel avenir?

Il n'est pas rare que 20 minutes ouvre ses colonnes à quelque groupe ou personnage «indigné et désespéré» par une grave injustice, réelle ou supposée: défenseurs de «migrants» menacés d'expulsion ou «victimes» d'une décision administrative mal digérée sont les bienvenus chez le quotidien gratuit, qui tente alors de faire pleurer dans les chaumières.

Quel avenir pour le bébé si son père est expulsé? titrait le journal le 7 mars. Quel avenir en effet, pour ce petit enfant né d'une Suissesse et d'un Guinéen dont Berne exige le renvoi après épuisement des voies de recours, en dépit de l'avis contraire du canton de Vaud?

Au fil des lignes, et pour autant qu'on nous dise la vérité, on apprend que, de 2006 à 2012, ce monsieur a été condamné trois fois pour trafic de stupéfiants et dix fois pour séjour illégal – on se demande bien par quelle aberration il est toujours chez nous; que sa femme, mère de quatre enfants issus de trois unions a déjà vécu l'arrestation en vue d'expulsion de son précédent mari; qu'en réponse aux doutes émis par Berne quant à la volonté du couple de sceller une véritable communauté conjugale, elle répond que «c'est vraiment du foutage de gueule», argument hautement probant s'il en est; et qu'elle émarge à l'aide sociale – quelle surprise!

Notre Guinéen, semble-t-il, n'a pas subi de condamnation depuis 2012. Le canton de Vaud le jugeait donc assagi et penchait pour l'octroi d'un permis de séjour – ce qui revenait à reconnaître qu'Amadou, puisqu'il faut l'appeler par son nom, vit toujours dans l'illégalité. Si Berne avait suivi l'avis du Canton et «régularisé» Amadou, elle se serait vue obligée, au nom de l'égalité de traitement, d'en faire autant pour une ribambelle d'étrangers plus ou moins «repentis».

Alors, quel avenir pour le bébé?

Je ne me fais pas trop de souci pour lui. Il est fort probable que la Cour européenne des droits de l'homme sera appelée à se prononcer sur le cas et tranchera en faveur de son cher papa.

Si tel n'est pas le cas, il sera toujours possible à celui-ci de revenir clandestinement et de continuer à bénéficier de l'aide sociale par l'intermédiaire de son épouse.

Enfin, si vraiment Amadou doit se réinstaller en Guinée et si vraiment son mariage est un mariage d'amour, pourquoi sa femme ne le suivrait-elle pas avec le reste de la famille?

Il y a un avenir pour le bébé!

M. P.

Thèmes associés: Immigration - Justice - Médias

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