Bizarreries

Donald Trump, candidat aux primaires du Parti républicain américain en vue de l'élection présidentielle de 2016, donne de l'urticaire aux journalistes du fait de ses déclarations fracassantes et non conformistes, qualifiées de «campagne de provoc».

Sa dernière incartade? Proposer de fermer les frontières aux musulmans – étant entendu que les citoyens américains disciples de Mahomet n'auraient pas à craindre une expulsion. Cette suggestion scandaleuse «a causé une tempête médiatique», selon mon quotidien gratuit habituel, lequel oublie que les campagnes de presse sont en général déclenchées par les médias et non par le «coupable».

En l'occurrence, celui-ci ne paraît guère s'émouvoir des hurlements, gémissements et autres couinements qui ont retenti dans le landerneau ultra-conformiste.

Il faut dire qu'il est suffisamment riche pour n'avoir pas besoin de parrains qui, en échange d'un financement, lui dicteraient ses discours. Il peut donc se permettre de se vautrer dans la fange populiste en toute tranquillité et d'y prendre plaisir.

Bizarrement, il reste en tête dans les sondages…

Toutefois, la popularité de Donald Trump ne dépasse pas les frontières des USA: au Royaume-Uni, une pétition demandant au Parlement britannique d'interdire au trublion de poser le pied sur les terres de la pure Albion aurait recueilli, à l'heure où je rédige ces lignes, plus de deux cent mille signatures. Ce résultat a été qualifié d'«énorme succès» ou de «succès fou» par quelques champions de la désinformation.

De fait, paraît-il, le Parlement peut débattre d'un sujet si une pétition dépasse la barre des cent mille signatures. Mais ces deux cent mille fameux paraphes dont on nous rebat les oreilles ne constituent pas encore un raz-de-marée ni le reflet d'une opinion majoritaire. Le Royaume-Uni compte environ soixante-cinq millions d'habitants, dont de très nombreux musulmans venus des anciennes colonies et qui bénéficient des droits civiques.

Il est donc bien étrange que la pétition n'ait récolté que deux cent mille signatures.

Donald Trump devait, passage obligé, se rendre en Israël fin décembre pour y rencontrer, entre autres, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Il a annulé sa visite, car «de nombreuses voix se sont élevées dans l'Etat hébreu contre sa venue, à la suite de ses récents propos tenus contre les musulmans».

Alors là, on ne comprend plus rien du tout.

Mariette Paschoud

Thèmes associés: Egalité, discriminations - Immigration - Politique internationale

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