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Goulée d'air frais et mise à jour... (quelques constatations)

Les journées du Tir fédéral sont une bonne occasion, pour un Suisse de l'étranger, de reprendre contact avec la mère patrie. Leur rythme quinquennal constitue une bonne échelle d'analyse, même s'il est impossible d'opérer en profondeur. Voici donc en vrac quelques impressions marquantes et certainement superficielles à traiter comme des clichés instantanés d'une semaine passée entre Flawil et Viège à tirer le meilleur de la carabine 31 ou des fusils d'assaut 57 et 90 avec une équipe de tireurs venus d'Afrique du Sud.

Qu'il s'agisse de l'organisation d'accueil et de mise en œuvre des tirs pour les délégations venues de l'étranger ou de l'impeccable régularité du réseau ferroviaire, il est rassurant de constater que la Confédération helvétique a – momentanément? – su se préserver de la gabegie qui semble désormais être la caractéristique dominante des vieux pays de la nouvelle Union européenne; dominante caractéristique loin d'être uniforme, en revanche, en dépit des efforts des «technopoliticards» de Bruxelles pour fondre la variété des peuples dans le moule pratique du consommateur globalisé soumis et politiquement résigné aux mauvais plats qui lui sont de plus en plus imposés.

Comme dans tous les pays de l'Ouest, une méfiance croissante est perceptible, chez ceux de nos compatriotes qui échappent encore au formatage mondialo-médiatique, à l'égard d'un pouvoir politique de plus en plus centralisateur et de moins en moins responsable devant le peuple, répondant, du reste, de moins en moins aux aspirations réelles de ce dernier: indépendance, neutralité, maintien d'un mode de vie traditionnel et harmonieux. Les Suisses qui travaillent  semblent répugner à se laisser culpabiliser ou ponctionner au profit d'envahisseurs sournois, rapidement arrogants, qui ne leur sont rien et envers qui ils ne devraient avoir d'autre «obligation» que celle d'une volonté d'aider individuelle librement consentie.

Quelques déclarations valaisannes officielles – en espérant qu'elles ne soient pas destinées à rassurer les seuls représentants de la Cinquième Suisse – semblent indiquer qu'en ce canton au moins, comme sans doute dans les cantons dits «primitifs», on a pris la mesure de la vaste manœuvre de désarmement des peuples occidentaux soumis à la seule sphère d'influence du «Dieu Dollar» et à la culture exclusive de l'American way of life en version de qualité inférieure, à l'usage exclusif des vassaux d'un Marché gouverné par l'évidente loi économique de l'offre et de la demande – avec une forte tendance vers l'excitation de la demande – et par le non moins évident principe commercial de l'ôte-toi de là que je m'y mette.

S'il est réjouissant d'observer que le culte du tir de précision est toujours un bon indicateur du sens patriotique de nos confédérés, il est préoccupant d'observer la virulence avec laquelle la quasi-totalité de la presse financière et d'opinion bien en cour s'acharne à mettre en garde un peuple de plus en plus réticent à apprendre des danses nouvelles au chant des sirènes de Bruxelles; la défaillance grecque est peut-être arrivée à point nommé. Les Suisses ont-ils pris la mesure du totalitarisme union-européen? Ont-ils compris que leur atout principal réside en leur formidable capacité d'innover et de produire des biens et des services de qualité dans une situation de cas particulier? Cela non pas dans le cadre de la dissolution d'un Etat encore souverain dans une bouillabaisse de plus de deux cent cinquante millions d'Européens aux ordres d'une «Gouvernance» de plus en plus indéfinissable mais aussi de plus en plus gourmande en – expression ô combien éloquente! – ressources humaines? Ou ne seraient-ils simplement qu'en retard pour sauter dans une baille qui n'en finit pas de s'échouer?

Et puisque je viens de parler de services, qu'il soit aussi permis ici à un major et ancien commandant d'unités de s'étonner d'une chose quant à l'image de notre armée: à l'exception d'un appointé des grenadiers et d'une fort gracieuse sanitaire, qui portaient avec élégance leur tenue camouflée – j'en ignore la dénomination réglementaire –, tout ce que j'ai pu observer en matière de soldats et d'encadrement subalterne – je n'ai pas rencontré d'officiers – m'a laissé l'impression générale de bons gars très serviables, qui tenaient plus du chasseur d'hôtel en tenue de groom persillée que du guerrier apte à remplir sa fonction première: tenir le terrain avec compétence et détermination. La bonhomie festive, c'est bien, mais elle ne saurait tenir lieu d'aptitude à remplir une mission de protection et de défense de notre neutralité contre quiconque, fût-il un de nos voisins directs, oserait la mettre en doute.

Max l'Impertinent

Thèmes associés: Armée - Politique fédérale - Société

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