Besoin de vérité

Dans une chronique confiée à 24 heures le 2 décembre dernier, M. Olivier Delacrétaz, président de la Ligue vaudoise, relevait que «face à l'islam, le souci principal de nos Eglises semble être de préserver la paix entre les groupes religieux».

Reprochant aux Eglises chrétiennes de «se contenter d'un bon voisinage de surface entre les religions», il prédit qu'on ne préservera pas la paix, à long terme, en négligeant la question de la vérité.

Comme il fallait s'y attendre, l'article de M. Delacrétaz a suscité deux réactions indignées, toutes deux publiées le 11 décembre. M. Pascal Gemperli, président de l'Union vaudoise des associations musulmanes, proclame sa foi dans les vertus du «dialogue interreligieux» grâce à ces groupes de musulmans et de chrétiens «pour le dialogue et l'amitié qui créent cet espace d'échange».

De son côté, M. Bernard Reymond, professeur honoraire de théologie pratique à L'UNIL, refuse la notion même de vérité en matière religieuse. Il observe que les Eglises «doivent se garder de se considérer comme dépositaires d'une manière de croire en Dieu qui exclurait d'autres manières de le faire».

Pour M. Reymond, la vérité n'est pas une catégorie absolue. La vérité chrétienne n'est pour lui que «ce que de nombreux chrétiens pensent être vrai à propos de Dieu». A chacun donc sa vérité. L'essentiel du message chrétien, c'est l'amour, la paix et le respect du prochain.

La pensée du théologien libéral et la réaction du musulman confirment l'une et l'autre la pertinence de l'analyse développée par Olivier Delacrétaz.

Il faut même aller plus loin, parce que l'islam n'est pas seulement une religion, auquel cas un athée ou un mécréant pourrait se désintéresser de ces querelles de clocher ou de minaret. C'est aussi un système social, un ordre juridique, une vision de la société qui sont fondamentalement contraires à notre conception de l'Etat, de la société, de la famille.

De ce fait, et quand bien même la liberté de religion est garantie par la Constitution et par les traités internationaux, je suis surpris que des communes accordent à des musulmans des promesses de bourgeoisie, dans la procédure de naturalisation, sans avoir exigé préalablement du candidat la promesse solennelle qu'il respectera l'ordre juridique suisse plutôt que la Charia. Cet engagement me paraît élémentaire et plus important que de s'assurer que le candidat connaît la recette de la fondue, puisqu'on ne peut attendre de lui qu'il connaisse celle de la saucisse aux choux.

La vérité est une. Elle est difficile à connaître, on n'est pas certain de la détenir, mais elle n'est pas susceptible de qualifier toutes les opinions contraires. Les apôtres de paix qui ont cru pouvoir, pour préserver la paix – et le dialogue –, faire l'économie d'un discours de vérité verront celle-ci leur sauter un jour au visage, à leur intense stupéfaction.

C. P.

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