Editorial

Observer le démocratisme en action est une inépuisable source d’agacement.

En France, par exemple, toute la vie politique tourne autour de l’élection présidentielle. A peine un président est-il élu que le monde politique et la presse s’interrogent sur ses chances de réélection. Chaque parole, chaque acte du chef de l’Etat fait l’objet de pronostics quant à son impact sur la prochaine «présidentielle». Les rivaux du président en place, y compris dans son propre parti, ne discourent et n’agissent qu’en fonction de leur ambition à occuper la «magistrature suprême». Des politiciens pourtant condamnés à la suite de peu honorables magouilles, tel le maire de Bordeaux Alain Juppé, affichent, toute honte bue, leur volonté d’accéder au sommet de l’Etat. Personne évidemment ne se soucie du bien de la France et des Français: on ne peut être au four et au moulin.

Toutes proportions gardées, on ne fait pas beaucoup mieux chez nous. Les prochaines élections fédérales sont fixées au 18 octobre 2015, mais déjà on s’agite dans les partis. Le mal nommé Parti démocrate-chrétien annonçait début août le lancement d’une «initiative au contenu top secret», non pas pour le bien des Suisses, mais pour faire progresser le parti de deux points lors des élections fédérales. L’indéboulonnable conseiller national Jacques Neyrinck, huitante-trois ans, est vexé que le PDC ne l’ait pas porté candidat au Conseil des Etats et cherche un autre tremplin, ce qui en dit long sur la solidité de ses convictions.

Officiellement, bien entendu, tous ces gens ne songent qu’au bien commun. Chaque élection, et pas seulement à l’échelon fédéral, apporte son lot de candidats désintéressés dont le seul souci est d’œuvrer pour la collectivité dans un esprit de service. L’ennui, c’est que tous ces serviteurs, une fois en place, ne peuvent pas être congédiés à bref délai en cas de nocivité.

Cette situation, désastreuse en général, l’est plus encore en ce qui concerne le Conseil des Etats, où les deux députés censés représenter leur canton ne défendent en réalité, comme ceux du Conseil national, que les intérêts de leur parti et se moquent de leur véritable mandat. Ce dysfonctionnement devrait être corrigé par une modification constitutionnelle qui rendrait aux autorités cantonales le droit de désigner leurs représentants à Berne, comme elles le faisaient à l’époque de la Diète.

Cela ne résoudrait pas tout, mais cela nous épargnerait le bal des candidatures au prestigieux Conseil des Etats et les états d’âme de Monsieur Neyrinck.

Le Pamphlet

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