Editorial

Les habituels «bienfaiteurs» du peuple suisse sont d’un naturel persévérant. Le «souverain» ayant manifesté en 2007 qu’il ne voulait pas d’un machin étatisé et bureaucratique appelé «caisse maladie unique et sociale», les adeptes de ladite ont décidé de revenir à la charge avec une «initiative pour une caisse publique d’assurance-maladie». Si celle-ci est acceptée – on votera le 28 septembre –, les Suisses seront enfin dotés d’une «assurance-maladie sociale» mise en œuvre par une «institution nationale unique», laquelle créera des «agences cantonales ou intercantonales» qui fixeront les primes, les encaisseront et paieront les prestations, étant bien entendu que les primes – uniformes dans chaque «agence», selon le texte allemand et lui seul, ce qui promet de belles empoignades – seront fixées sur la base des coûts de l’«assurance-maladie sociale». Ce merveilleux montage pseudo-fédéraliste devrait, à ce qu’on nous promet, conduire à une diminution des coûts de la santé et mettre de l’ordre dans la jungle que constitue l’actuel système de soixante caisses maladie prétendument concurrentes.

Nous partageons l’avis des initiants sur un point: le système actuel n’est pas satisfaisant. En ce qui concerne l’assurance de base obligatoire, les caisses n’entrent en concurrence que sur la qualité de leur administration et la rapidité du remboursement des prestations. Reste à savoir si une caisse unique comportant plus de vingt «agences» ferait mieux. C’est fort improbable et les assurés n’auraient alors même plus le recours de se livrer aux joies du «tourisme» dans la fameuse jungle, pour, à tout le moins, payer les primes les plus basses.

La diminution des coûts de la santé annoncée, quant à elle, relève de l’utopie sinon du mensonge. Les organismes «sociaux» étatiques sont par définition des gouffres financiers, pour la bonne raison que les «fonctionnaires» qui les gèrent ne risquent pas la faillite: en cas de difficultés de trésorerie, il suffit d’augmenter les primes ou de diminuer les prestations, ce qui revient au même, pour que tout rentre dans l’ordre. Quant aux assurés otages – la classe moyenne, une fois de plus –, ils ne manqueraient pas de «rentabiliser» leurs primes en se précipitant chez le médecin au moindre bobo, ce qui ferait inévitablement grimper les coûts de la santé et, par conséquent, les primes; spirale infernale…

Il y a d’autres arguments contre l’aberration qu’on nous propose, notamment la désinvolture avec laquelle le projet réduit les cantons au rang d’«agences» soumises au contrôle d’un organisme central et centralisateur, ce qui ne peut que donner de l’urticaire aux honnêtes fédéralistes.

Toutefois, rappelons-le, ce n’est pas entre un bien et un mal que devront choisir les citoyens suisses le 28 septembre, mais entre deux maux d’inégale gravité. Ce qu’il faudrait, c’est revenir à un système d’assurance-maladie facultatif avec véritable concurrence entre des caisses dont l’inventivité et les offres à la carte permettraient à chacun de s’assurer selon ses besoins ou d’assumer ses propres risques.


Le Pamphlet

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