Editorial

L’avantage, quand on vote sur plusieurs sujets, c’est qu’on n’est jamais complètement perdant. Certes, le fonds d’achat du Gripen a été largement rejeté, les initiatives sur les pédophiles et la médecine de famille ont été acceptées à des pourcentages très élevés, ce qui ne nous plaît guère, mais le refus du salaire minimum a été un très beau succès aussi et les Vaudois ont sauvé Lavaux de son sauveur habituel à une belle majorité.

Nous n’allons pas pleurnicher sur le sort du Gripen. Le peuple a tranché, comme disent les démocrates. Relevons juste deux points de détail à propos de notre lamentable presse.

Il faut remarquer tout d’abord que, ladite presse constituant une boussole qui montrerait le sud, les tombereaux de critiques qu’elle a déversés sur le conseiller fédéral Ueli Maurer portent à penser que le chef du Département de la défense est un très bon «ministre».

Ensuite, nous trouvons scandaleux, mais aussi ridicule, le mépris que professent certains journalistes à l’égard des partisans de l’avion de combat suédois. Voici ce qu’on pouvait lire au lendemain des votations dans 20 minutes: «De l’avis de “La Liberté” également, la campagne en faveur du nouvel avion joue un rôle important dans le rejet de dimanche. Elle “a volé bas avec des arguments d’un autre temps” susceptibles de ne séduire que dans la Suisse profonde.» La Suisse profonde, frères et sœurs, c’est nous, nous les 46,6% de ploucs qui n’avons pas envisagé de porter plainte contre l’abominable homme de l’UDC pour sa plaisanterie sur les ustensiles de cuisine et les ménagères, nous qui avons applaudi bien fort quand il s’est fâché et a reproché sa partialité au journalisme de la télévision, «qui vit de l’argent public». Ce qui nous a séduits n’a évidemment pas eu l’heur de plaire à nos maîtres ès manipulations si fins et si distingués.

Cela dit, il y a probablement parmi les opposants au Gripen des gens qu’inquiète simplement l’état de l’armée, notamment en matière de discipline, et qui ne voient pas l’avantage – oubliant la nécessité d’une police du ciel en temps de paix – d’apporter une couverture aérienne à une institution en pleine déliquescence. Il faut dire que les récits de nos militaires sont effarants: du chef qui se vante de ne pas respecter les ordres aux vols de matériel en passant par le sous-officier qui fume des joints, il y a de quoi s’inquiéter.

Il faut arrêter de réformer l’armée en permanence pour s’occuper des hommes et de leur aptitude au combat.
 

Le Pamphlet

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