Pourquoi je pense qu'il faut voter OUI au Gripen

Une remarque lue sur Facebook récemment me pousse à pondre une petite mise au point sur l'achat du nouvel avion de combat et à expliquer pourquoi je pense judicieux de voter OUI le 18 mai.

Il faut souligner tout d'abord que les adversaires de l'armée ont finement joué en déplaçant le débat sur les questions financière, politique et technique afin de ratisser le plus large possible. Détaillons les différents profils que l'on retrouve parmi les adversaires du Gripen, leurs motivations et leurs arguments :

1. Les antimilitaristes: de ceux-là, il n'y a pas grand-chose à dire. Ils pensent que la guerre c'est mal (tu crois ?), que la paix est définitivement installée Europe… et que de toute façon les conflits seront désormais le fait d'informaticiens confortablement installés derrière leurs écrans. Que répondre à un rêveur? Que la réalité nous montre que les guerres qui déchirent actuellement différentes régions du globe sont toutes, sans exception, des guerres conventionnelles impliquant des soldats, des chars et des avions de combat. Que personne ne sait quelle sera la situation de l'Europe dans dix ans et que l'Ukraine est à nos portes. Il est bien prétentieux d'affirmer que la paix est définitive.

2. Les comptables: plus de 3 milliards de francs suisses, vous imaginez les crèches, les autoroutes, les salaires minima qu'on pourrait payer avec tout cet argent! C'est vrai, mais le rejet de l'achat du Gripen ne réaffectera pas ces fonds hors de l'armée car il s'agit d'une dépense prise sur le budget ordinaire déjà voté! Si l'on n'achète pas d'avions, on dépensera cet argent dans de l'armement et pas dans des prestations sociales. Le choix se limite donc à savoir si l'on veut avoir une force aérienne capable de protéger le ciel ou non. De plus, les investissements compensatoires vers la Suisse représentent près de 1000 emplois durant dix ans, ce qui n'est pas rien.

3. Les comparatistes: notre jolie voisine l'Autriche est légèrement vêtue. Quinze avions de combat suffisent à la couvrir. C'est un peu court. Notre voisine bénéficie de la chaude couverture de ses amants, en l'occurrence les autres membres de l'UE. La situation de la Suisse est différente en ce que sa neutralité, garantie par le traité de Paris de 1815, est assortie de l'obligation de se protéger par ses propres moyens. Or 33 FA-18 ne suffisent même pas à couvrir l'espace aérien durant une conférence internationale comme le WEF, et les vieux F-5 Tiger doivent alors être armés et engagés. On peut imaginer ce que cela serait en cas d'engagement de longue durée.

4. Les ingénieurs: ce sont ceux qui pensent que le Gripen n'est pas le meilleur avion et qu'on ferait mieux d'acheter le Rafale français ou l'Eurofighter européen. Je me contenterai de souligner que les experts de l'armée ont choisi le Gripen parce qu'il est multifonction et permet de remplir différents types de missions, que son coût d'acquisition et d'entretien était bien en dessous de celui de ses concurrents et qu'il peut être facilement adapté à nos besoins à l'interne. J'ajouterai qu'il présente l'énorme avantage d'être produit par un pays qui a très peu de chances d'être un ennemi direct de la Suisse en cas de conflit.

Rien ne sert d'avoir une armée au sol apte à protéger notre souveraineté si elle n'est pas couverte par une défense aérienne crédible. Votez OUI au Gripen.

Michel Paschoud

Thèmes associés: Armée

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