Gripen et démantèlement

Par 73,2 % des voix, l’obligation de servir a été maintenue en Suisse. L’initiative du Groupe pour une Suisse sans armée a été balayée, comme l’ont souligné de nombreux médias. Mercredi 29 janvier, le référendum contre l’achat d’un nouvel avion de combat – le Gripen – a été déposé. Nous serons conviés le 18 mai prochain à nous prononcer sur ce choix: disposer d’une protection aérienne ou pas.

Relevons que le plus étonnant est de compter parmi les référendaires des gens qui ne se réfèrent pas à des idées de gauche. Bien sûr, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que parmi les Verts libéraux se cachent en fait des libéraux « liberterres » idéologiquement à gauche. Que de nombreux PDC renforcés par quelques PLR se soient joints à cette entreprise est par contre bien surprenant.

Certes, le GSsA n’apparaît plus: il est vrai qu’après sa déconfiture de septembre dernier il eût été maladroit de le faire participer ouvertement à cette nouvelle campagne. Mais il est évident qu’il appuie les socialistes et les Verts verts.

Trois avions étaient en lice. Ils ont été comparés initialement selon un cahier des charges similaire à celui qui avait présidé au choix du FA/18 et le Gripen l’a emporté. Bien sûr, la presse n’a cessé de se faire l’écho de couacs malheureux. Elle a accompagné ainsi la récolte des signatures. Il est probable aussi que des intérêts politiques ou financiers divergents sont  intervenus dans  cette campagne.

Le fond du problème n’est pas le choix de l’avion. Il s’agit en fait, ni plus ni moins, de savoir si le pays doit disposer d’une force aérienne ou pas. Car on a bien compris que si l’on veut donner un certain poids à la défense de notre espace aérien, les trente-deux avions FA/18 ne pourront jamais assurer leur mission, ne serait-ce qu’en cas de crise se prolongeant sur plusieurs semaines.

Il est vrai que, ces dix dernières années, le Conseil fédéral et son département de la défense n’ont cessé d’émettre des signaux contradictoires qui, à terme, mettront finalement à genoux notre défense nationale. Comment interpréter autrement ces réductions incessantes des effectifs? Comment ne pas imaginer que la destruction des moyens militaires lourds vise en fait à transformer notre armée en une garde nationale. Malgré le signal fort mentionné ci-dessus, qui devait faire comprendre au Conseil fédéral et aux parlementaires que la majorité du pays reste attachée à l’indépendance de la Suisse au centre de l’Europe, le démantèlement de la défense de la population se poursuit. Il devient dès lors compréhensible que l’acquisition d’un avion de combat entre en opposition avec cet affaiblissement des moyens octroyés à l’armée pour défendre le pays.

Mais si le référendum est accepté, les conséquences seront multiples. Ce sera un nouveau coup de boutoir contre l’édifice Helvétie. En cas de coup dur, les restes, ridiculement faibles, de notre défense ne pourront pas faire face à des menaces aujourd’hui impensables. Les «pro-européens» auront beau jeu d’appeler les pays voisins à notre rescousse. On pourrait penser que finalement il ne sert à rien d’attendre! Adhérons à cette idée de «smart defence» prônée par l’OTAN, jetons notre neutralité aux orties et  rejoignons l’Union européenne. On aura du même coup réglé tous les problèmes que nous avons avec l’Union, les bilatérales, la dispute fiscale. N’est-ce pas là le plan secret qui montre son nez?

Personnellement je n’en veux pas! N’en déplaise au gouvernement suisse, que je soupçonne de vouloir chiffonner notre indépendance au profit de l’étranger, je voterai en faveur du fonds Gripen! A entendre les bruits de bottes à proximité de chez nous, je crains bien d’avoir raison.

François Villard

Thèmes associés: Armée - Politique fédérale

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