Définitivement...

Quiconque est condamné pour avoir porté atteinte à l’intégrité sexuelle d’un enfant ou d’une personne dépendante est définitivement privé du droit d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en contact avec des mineurs ou des personnes dépendantes.

Tel est le texte de l’initiative proposée par de braves gens justement indignés par les méfaits des pédophiles. … Définitivement… On sent la tentation de l’éternité, présente chez tout homme inquiet de la brièveté de la vie. On aimerait tous pouvoir bénéficier des bienfaits de l’existence irrémédiablement, irrévocablement, décidément, inéluctablement,  irrémissiblement, irréparablement, irréversiblement, durablement, finalement, jusqu'à épuisement, sans appel, sans retour, une fois pour toutes

On aura beau faire observer à ces bons apôtres que les pédophiles les plus dangereux sont précisément ceux qui n’ont encore jamais été démasqués, et donc encore moins condamnés, qu’un jeune homme de dix-neuf ans dont la petite amie est âgée de quinze ans peut être condamné pour atteinte à l’intégrité sexuelle d’un enfant et par conséquent, selon le texte de l’initiative, définitivement privé du droit d’exercer la profession d’instituteur, de moniteur de voile ou de professeur de judo…, qu’il conviendrait donc de respecter, surtout dans le domaine des interdictions professionnelles, le principe de proportionnalité, les braves gens sont intraitables.

Même l’excellent site commentaires.com estime que le principe de proportionnalité doit céder le pas devant le principe de précaution.

Ah! Le principe de précaution devrait alors aussi conduire au retrait de permis définitif pour tout conducteur de véhicule automobile condamné pour excès de vitesse ou conduite en état d’ivresse. Il faudrait aussi interdire définitivement le remariage aux maris ou aux épouses coupables d’adultère. Une association suisse allemande de défense des animaux souhaite interdire définitivement la possession d’un animal à toute personne convaincue de mauvais traitements envers son chien ou son bétail.

Un viticulteur français bio a été récemment condamné pour avoir refusé de traiter sa vigne avec un pesticide alors même qu’aucun signe de la maladie n’était perceptible ni sur sa parcelle ni chez ses voisins.

Les grandes sociétés pharmaceutiques souhaitent nous imposer des vaccins contre toutes les maladies, au risque de nous inoculer d’autres affections comme effets secondaires.

En réalité, rien n’est définitif. Les juristes tempèrent le principe Pacta sunt servanda par la clausula rebus sic stantibus.

Même notre connaissance des faits historiques ne peut être définitive: les travaux des historiens et des chercheurs sont de nature à nous instruire de faits restés longtemps inconnus ou, au contraire, à nous démontrer que des événements auxquels nous avons cru de bonne foi  n’ont, en réalité, jamais existé.

 

Claude Paschoud

Thèmes associés: Politique fédérale

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