Votation

            Le 24 novembre, les citoyens suisses devront se prononcer sur trois objets: la modification de la loi fédérale sur la circulation routière prévoyant l’augmentation du prix de la vignette autoroutière, l’initiative de l’UDC pour les familles demandant que les parents qui gardent eux-mêmes leurs enfants bénéficient eux aussi de déductions fiscales et l’initiative «1:12 – Pour des salaires équitables» qui, lancée par les  Jeunes socialistes, veut que le salaire le plus élevé versé dans une entreprise ne dépasse pas le salaire le plus bas multiplié par douze.

Vignette: une affaire de confiance

            A première vue, rien ne s’oppose à ce que le prix de la vignette autoroutière passe de quarante à cent francs, puisqu’il n’a pas bougé depuis 1995. On pourrait considérer la chose comme une adaptation normale – «Tout augmente ma bonne dame!» –, d’autant que, pouvoir circuler à volonté sur les autoroutes suisses pour cent francs par année, ce n’est pas si cher, pas plus en tout cas que les péages de nos voisins. D’autre part, le réseau routier et autoroutier doit être impérativement modernisé et étendu en divers endroits, afin que le trafic se fluidifie.

Malheureusement, l’expérience montre que les nombreuses taxes prélevées sur les usagers des routes suisses ne servent pas toujours, et de loin, à l’entretien et à la sécurisation du réseau routier, une partie importante des fonds étant même carrément investis dans les transports publics, notamment ferroviaires. Alors, qui nous prouve que, une fois augmenté le prix de la vignette, «les recettes supplémentaires financeront l’exploitation, l’entretien et l’aménagement des quelque 400 km de routes cantonales qui seront transférés dans le réseau des routes nationales», comme nous le promettent, la main sur le cœur, le Conseil fédéral et le Parlement?  

            Les paris sont ouverts.

Mauvaise correction d’un mauvais principe

            Les familles avec enfants dont les deux parents travaillent et doivent par conséquent caser  leur progéniture dans des crèches et autres structures d’accueil bénéficient d’allégements fiscaux, contrairement à celles qui répondent au «modèle traditionnel» –terme désormais franchement méprisant dans la bouche et sous la plume des gens de gauche – de la mère au foyer veillant elle-même sur ses enfants pendant que Monsieur va gagner la pitance de son petit monde. L’initiative de l’UDC propose de corriger cette injustice, au nom de la protection de la famille.

            Comme toutes les mesures étatiques prétendument sociales et égalitaires, l’allégement fiscal offert aux familles «modernes» est inéquitable. En effet, on peut se demander s’il est normal que les ménages dans lesquels Madame travaille sans nécessité parce que sa profession est passionnante et épanouissante, comme ils disent, bénéficient des mêmes avantages que ceux où le travail de la femme, si abrutissant qu’il puisse être, est indispensable à la survie de la famille. Ce n’est ni plus ni moins injuste que la discrimination évidente dont sont victimes les familles «traditionnelles». En fait, en ce qui concerne le travail des femmes, il y a tellement de cas et de modèles différents que la seule mesure équitable consisterait à supprimer l’allégement fiscal pour tout le monde et à appliquer des mesures différenciées, si tant est que l’Etat doive vraiment se mêler de cette affaire de structures d’accueil.

            La mesure proposée par l’initiative, si bien intentionnée soit-elle, ne résout pas le vrai problème. Elle ne ferait même pas grimper le nombre des naissances, ce qui aurait été un sérieux argument en sa faveur.

Non à cet emplâtre sur une jambe de bois.

Encore l’interventionnisme

            Qu’une initiative des Jeunes socialistes prévoie une intervention de l’Etat en matière de salaires ne surprendra personne. Après tout, elle est de la même veine que celle, lancée par l’Union syndicale suisse, qui réclame l’introduction d’un salaire minimum, et cette manie de l’étatisation est hélas la marque d’une gauche ultra-conservatrice, qui n’a pas évolué depuis la révolution industrielle ni remarqué que la prospérité s’était installée dans notre pays, en dépit des différences de salaires.

            Les mesures économiques prônées par les socialistes finissent toujours par se retourner contre ceux qu’elles prétendent favoriser et ne suppriment pas le moins du monde les inégalités qui, chassées par la porte, rentrent immédiatement par la fenêtre, sous forme de combines plus ou moins avouables parfois. L’intervention de l’Etat dans la marche des entreprises et dans les rémunérations engendre délocalisations, «fuite des cerveaux» et diminution des recettes fiscales, étant entendu qu’on ira chercher l’argent manquant dans la poche des contribuables modestes qui, eux, ne peuvent  pas s’en aller. Beau «progrès social»!

            Quelques gros bonnets gagnent beaucoup d’argent? Ce n’est pas une raison pour appauvrir tout le monde.

            Non à l’initiative des freluquets socialistes.

Mariette Paschoud

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