Au bout d'une pique!

PolluxLe Pamphlet n° 427 Septembre 2013

Les juges sont des salopards qui protègent systématiquement les criminels. Voilà ce qu’on entend au «Café du Commerce» et dans ses avatars modernes que sont les forums en ligne. Les sentences populaires qui s’expriment dans ce genre d’endroit sont rarement d’un haut niveau intellectuel; disons même qu’elles émanent souvent de frustrés, d’aigris, de menteurs, d’affabulateurs, de fêlés, d’abrutis analphabètes. Mais comment leur donner tort quand les juges eux-mêmes, jour après jour, font tout pour nous convaincre qu’ils sont réellement des salopards, ou éventuellement des imbéciles?

L’affaire qui indigne la population depuis quelques jours est celle de ce violeur récidiviste autorisé à sortir tranquillement de sa prison genevoise pour aller faire de l’équitation avec une sociothérapeute, et qui en a profité pour tuer cette dernière et disparaître dans la nature. Au mois de mai, c’est dans la Broye vaudoise qu’une femme est morte sous les coups d’un homme déjà condamné pour assassinat mais bénéficiant d’une semi-liberté; une «enquête indépendante» a conclu qu’il n’y avait eu «aucune faute» ni «aucune négligence coupable» de la part de la justice. Mêmes conclusions il y a quelques jours en Argovie, où la Cour suprême a définitivement blanchi les juges qui, en 2009, avaient laissé en liberté un criminel toxicomane, lequel avait alors pu massacrer et égorger une jeune Fribourgeoise.

Au-delà de ces cas tragiques, la liste des scandales est interminable. Parmi les plus récents et les plus édifiants, on a appris en août qu’un délinquant zuricois multirécidiviste et violent se voyait offrir par le Tribunal des mineurs, aux frais des contribuables, «un appartement de quatre pièces et demi, avec services de nettoyage, de buanderie et de cuisine», un enseignement privé, un avocat, et surtout des cours de boxe thaïe dispensés par un criminel albanais! Au même moment, les juges fédéraux obligeaient le canton de Soleure à accorder une naturalisation facilitée aux deux filles d’un Turc vivant en Turquie et qui avait obtenu la nationalité suisse par un faux mariage. Quant à la Cour européenne des droits de l’homme, elle a interdit à la Suisse d’expulser un trafiquant de drogue nigérian dont toute la famille dépend de l’aide sociale, laquelle lui a déjà versé 165'000 francs; pour faire bonne mesure, les juges européens ont exigé qu’on paie encore 9000 euros de frais et dépens à cet individu.

On renonce à citer ici tous les cas «ordinaires» de délinquants relâchés dans la nature, de policiers condamnés pour avoir fait leur travail, de jugements favorables à des organisations écologistes extrémistes ou à des journalistes malhonnêtes, sans compter les verdicts politiques où des tribunaux interprètent le droit suisse à leur guise en invoquant des «principes supérieurs».

Il y a quelques années, les accusations portées contre des juges émanaient de types un peu cinglés; aujourd’hui, ce n’est même plus du populisme de bas étage que de dire que la justice est devenue une sinistre farce. Dans ces conditions, il faut une sacrée dose d’impudence à certains hauts magistrats pour venir s’épancher dans la presse en expliquant qu’ils «comprennent» les sentiments de la population mais que la loi est la loi, qu’on est obligé de l’appliquer, et qu’en aucun cas les citoyens ne doivent songer à faire justice eux-mêmes. La réalité est que, justement, ils y songent. Aujourd’hui, ce sont encore des veaux qui s’indignent à grands cris mais ne bougent pas le petit doigt et continuent à consommer paisiblement dans les supermarchés. Mais si la situation continue à se dégrader, on ne peut exclure que leur instinct de survie se réveille et que, profitant du chaos ambiant, ils finissent par descendre dans la rue pour promener la tête de ces magistrats au bout d’une pique!

Certes, les politiciens portent leur part de responsabilité lorsqu’ils votent des textes iniques. Mais si les juges étaient mus par autre chose que la partialité ou la couardise, ils appliqueraient déjà avec rigueur les lois qui peuvent l’être, et se récuseraient ou démissionneraient lorsque le cadre législatif ne leur permet plus de rendre la justice en leur âme et conscience. A défaut, ils ne valent pas mieux que la nuée de petits fonctionnaires médiocres et méchants qui ont œuvré pendant des années au service des anciens régimes communistes. Il est vrai qu’il n’y a hélas aucune raison pour que les juges d’ici et d’aujourd’hui soient meilleurs que ceux d’hier et d’ailleurs.

Pollux

Thèmes associés: Coups de griffe - Justice - Société

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