Bricoles

L'accès aux soins doit être garanti à tous… à tous ceux qui paient

Celui qui ose dire des médecins qu'ils vendent des prestations a l'assurance de se faire bon nombre d'ennemis jurés pour la vie. Chacun sait en effet que ce n'est pas un métier, mais une vocation; que le médecin ne vend pas les soins, mais les prodigue – contre paiement; qu'il est un pilier du bien-être de la population et contribue à l'amélioration générale de la santé.

Cela dit, la grandeur et la supériorité ne suffisent pas à amener le pain sur la table. C'est ainsi que la Conférence des sociétés cantonales de médecine souhaite la création d'une liste noire des mauvais payeurs, statut dont on suggère qu'il soit inscrit sur la nouvelle carte d'assuré qui devrait être introduite en 2010. Les médecins pourraient ainsi refuser de traiter les mauvais payeurs, ou demander une avance, sauf, bien sûr, risque de mort imminente – n'oublions pas que les «docteurs» sont des humanistes.

Bien que cette idée ne fasse pas l'unanimité – le président de la Société vaudoise de médecine a clairement fait connaître son opposition –, on ne peut s'empêcher de sourire en constatant que certains représentants de cette noble profession sont en fait des commerçants comme les autres, à cette différence près qu'ils poussent l'arrogance jusqu'à exiger un privilège dont ne bénéficie aucun autre créancier. (an)


Transparence à l'ONU

Il existe un machin élégamment appelé conférence mondiale de suivi «Durban II» contre le racisme. Ce truc hautement original fait suite à une autre conférence du même tabac qui avait eu lieu en Afrique du Sud en septembre 2001 et où tout le monde s'était crêpé le chignon, les participants n'ayant pas tous les mêmes racistes.

Le nouveau bidule doit se tenir en avril à Genève. A cette occasion, une déclaration impérissable sera publiée, comme toujours dans ces cas-là.

Or donc, une séance publique consacrée au projet de ladite déclaration a eu lieu le jeudi 22 janvier à Genève (1). Et ne voilà-t-il pas qu'une équipe de la chaîne de télévision Arte a été expulsée de la salle de l'ONU au moment où un débat sur la liberté d'expression et la diffamation des religions s'est engagé? Qu'avaient donc à cacher aux valeureux chevaliers de l'information – qui, nous dit-on, préparaient justement un documentaire sur la manière dont les droits de l'homme sont débattus dans les instances onusiennes – les bavards du Machin? Ils avaient à leur dissimuler une divergence très vive entre Européens et pays musulmans sur l'interprétation de la notion de droits de l'homme. Quelle surprise!

Je proteste néanmoins: le droit de savoir qu'il existe de graves divergences entre champions des droits de l'homme sur la notion de droits de l'homme ne devrait-il pas être un droit de l'homme intangible comme tous les droits de l'homme?

De toute façon, il se trouve toujours une «source diplomatique» pour renseigner la presse. (mp)

1) Communiqué AFP du 22 janvier 2009.


Inégalité

Nos politiciens sont pour la plupart très soucieux d'égalité, surtout ceux de gauche, écolos en tête, dont le conseiller d'Etat François Marthaler est l'un des plus dignes représentants. Ce sont pourtant les services de ce dernier qui proposent depuis 2007, au nom du Conseil d'Etat, il est vrai, des mesures anti-poussières fines scandaleusement favorables aux automobilistes disposés à lâcher leur voiture pour les transports publics en cas de trop grande concentration des poussières en question. Jusqu'ici, ces bons citoyens pouvaient utiliser leur carte grise comme titre de transport, mais ce privilège ne s'appliquait pas aux lignes touristiques et au trafic grandes lignes. L'Etat de Vaud rectifie donc le tir et propose aux automobilistes anti-pollution un abonnement CFF demi-tarif à un prix préférentiel: trente-sept francs pour trois mois au lieu de quarante-neuf, le canton prenant en charge la différence de douze francs.

Je sais que je suis très, très mesquine, très, très égoïste, très, très insuffisamment dévouée au bien commun, mais, en tant qu'élève modèle de Monsieur Marthaler, puisque je ne possède pas de voiture et que j'utilise par conséquent quotidiennement les transports publics, je trouve saumâtre de ne bénéficier d'aucun tarif préférentiel et de devoir, par-dessus le marché, cofinancer par mes impôts une opération prétendument prise en charge par l'Etat.

De toute façon, les automobilistes soucieux d'écologie ne devraient pas avoir besoin d'incitation pour abandonner leur véhicule en cas d'excès de particules fines. Les autres resteront au volant quoi qu'il arrive.

Que Monsieur Marthaler retourne donc faire de la bicyclette dans les rues piétonnes! (mp)


Paresse

Le général – divisionnaire pour les intimes – Eugen Hofmeister est très attaché à l'image de l'armée. C'est tout à son honneur.

Comme les «frasques de ses bidasses lors de sorties et congés: beuveries, drogues, bagarres…» (1) le dérangent, il cherche une solution. Qu'on se rassure: il ne propose pas de mesures éducatives, encore moins de mesures punitives. Non, il suggère tout simplement que les militaires sortent en tenue civile, ce qui signifie, si je comprends bien, que les uniformes resteraient en caserne, de sorte que les beuveries, drogues et bagarres deviendraient tolérables.

Le Département de la défense n'est pas favorable à cette idée, toujours selon la même source. Quel soulagement! Finalement, ce n'est pas par la tête que pourrit le poisson! se dit le naïf avant de lire plus avant. Hélas, l'argument du DDPS est lamentable: «Une telle proposition demanderait une refonte du règlement de service. Ce dont (sic) le DDPS ne juge pas nécessaire pour l'instant.»

En somme, pour le général Hofmeister, il importe peu que l'armée suisse se compose en partie de buveurs, de drogués et de brutes. L'essentiel est qu'on n'en sache rien, ce qui épargne la fatigante nécessité de réfléchir à la question de fond. Le DDPS, lui, est enlisé dans un marécage de paresse.

Franchement, il y a des jours où je dois faire un effort pour ne pas devenir antimilitariste. (mp)

1) Le Matin Bleu du 26 janvier


Scandale

Le Matin Bleu du 26 janvier nous annonce encore ceci: «Sylvio Berlusconi provoque une nouvelle polémique par ses propos misogynes, suite à une série de viols.» Et de citer la phrase: «Nous avons besoin de soldats pour escorter nos femmes car elles sont belles.»

Je ne voudrais pas faire preuve de mauvais esprit, mais je trouve cette remarque plutôt gentille pour les Italiennes. Le scandale provient-il de ce que, selon Monsieur Berlusconi, les femmes ne sont pas aptes à se défendre seules contre les violeurs et ont donc besoin de protection? Il est vrai que cela vous a un petit relent de «sexe faible» du plus mauvais effet. Mais on est en droit de supposer que si ces dames étaient des malabars aux bras noueux et aux mollets de vieux suisses, elles feraient fuir non seulement les violeurs mais aussi tous les autres Italiens, Silvio Berlusconi en tête, ce qui ferait hurler les bonnes âmes anti-misogynes à plus juste raison. (mp)


Liberté d'opinion

Le jeudi 29 janvier, quelques centaines de personnes provenant de divers mouvements de gauche ont dénoncé à Berne, lors d'une manifestation «spontanée», l'arrestation deux jours plus tôt, à l'occasion de la visite d'une délégation chinoise, d'une vingtaine de manifestants pro-tibétains.

Les participants se sont indignés des mesures de sécurité draconiennes prises pour protéger les Chinois – important dispositif policier, fermeture de la Place Fédérale – , déplorant que l'«on accorde plus de poids aux intérêts économiques qu'à la liberté de rassemblement» (1).

Peut-être ces braves gens n'ont-ils pas tort. Mais eux et leurs semblables ne sont-ils pas les premiers à perturber les rassemblements voire à en exiger l'interdiction quand les manifestants sont d'«extrême droite»?

Un peu de tenue! (mp)

1) Communiqué ats du 29 janvier 2009.


Naïveté

A propos du projet de loi bâillon qui se concocte à Bruxelles, Madame Hélène Gaudin, député au Parlement européen, a récemment interpellé le Conseil européen, qui groupe, comme chacun sait, les chefs d'Etats ou de gouvernements des pays membres de l'UE, en ces termes:

«La Présidence du Conseil estime-t-elle approprié de réglementer, au moyen d'une législation de l'Union européenne, la façon dont les historiens et la collectivité en général doivent interpréter les données et faits historiques? La Présidence estime-t-elle que c'est aux Etats membres, plutôt qu'aux historiens, d'interpréter les événements historiques? Ne vaudrait-il pas mieux répondre aux idées et interprétations de l'histoire extrêmes, ou qui peuvent choquer, par un débat libre et ouvert, plutôt que de s'en remettre à une législation européenne commune?»

Rafraichissante candeur! (mp)


Doutes

Lu dans 20 minutes du 6 février sous le titre, d'ailleurs fallacieux, de Viré pour avoir douté du 11 septembre: «Le ministre français de la défense a renvoyé hier un enseignant d'une école militaire supérieure. Ce formateur avait attribué, dan un livre, les attentats du 11 septembre 2001 à un “complot israélo-américain”.»

Si Monsieur Hervé Morin, ministre de la défense français, était bien informé, il saurait que cette rumeur a commencé à courir avant même que la poussière des tours jumelles ne soit retombée. Il saurait aussi, Rivarol nous le rappelle dans sa livraison du 13 février, qu'«outre-Atlantique, les plus grands doutes règnent à la CIA comme au FBI, au Pentagone comme au Capitole, sur la présentation officielle du“911”, dont les familles des victimes expriment aussi leurs doutes, parfois avec virulence». Evidemment, tous ces gens qui s'interrogent ne prétendent pas que la destruction des tours fut un complot israélo-américain. Je ne le prétends pas non plus. Qu'en sais-je? Toujours est-il que la version officielle des événements, une fois de plus, ne reflète pas forcément la vérité.

Toujours selon Rivarol, le professeur remercié, Monsieur Aymeric de Chauprade, est un géopoliticien de renommée mondiale. Ce sera certainement une perte pour le Collège interarmées de défense, où il exerçait. Mais, de nos jours, il importe peu que les professeurs soient bons, du moment qu'ils avalent tout ce qu'on veut leur faire gober. (mp)

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