Editorial

         Comment faire un choix, à la veille de votations fédérales, celles du 3 mars en l’occurrence, quand on ne reçoit pas la Nation ni Patrons; qu’on ne fait pas confiance à la grande presse écrite et audio-visuelle; qu’on n’est pas outillé pour accéder à internet; bref, qu’on ne maîtrise pas le sujet? Lire le Pamphlet? Encore faudrait-il qu’il en parle, ce qui n’est pas toujours possible, compte tenu de sa périodicité et aussi parfois, avouons-le, parce que certains problèmes échappent à la compétence de ses brillants rédacteurs! Voter au hasard? Au pire, oui, ne serait-ce que pour contribuer à empêcher nos parlementaires de contester les bienfaits de la démocratie directe au nom d’une trop faible participation. Mais tout de même, ce n’est pas satisfaisant. Il faut un critère.

 

         La question qu’il convient de se poser, lorsqu’arrivent les informations hautement objectives qui accompagnent les bulletins de votes, est la suivante: qui est à l’origine de chacun des textes qu’on propose aux suffrages du prétendu souverain?

 

Le doit-on à quelque instance fédérale? Méfiance, méfiance: ce n’est pas inéluctable, mais l’intention est plus que probablement de transférer à la Confédération une compétence cantonale, sous couleur d’harmonisation – et dans le plus pur respect du fédéralisme, bien sûr!

 

         Le doit-on aux marxisto-écolo-socialistes ou à leurs grands amis du parti démocrate chrétien? Méfiance, méfiance: ce n’est pas inéluctable, mais on va sûrement vers un peu plus d’étatisme, de dépenses inutiles et de centralisation, tant il est vrai, comme le disent ces amis du peuple, qu’au XXIesiècle, ère de progrès et de rationalisation, on ne peut plus tolérer qu’une question soit traitée de vingt-six manières différentes dans notre chère Confédération – l’Union démocratique du centre, nous avons le regret de le constater, tombe elle aussi trop souvent dans ce simplisme.

 

         Le doit-on aux deux? Alors là, c’est tout simple, on dit niet: le coûteux désastre centralisateur est assuré.

 

         Il existe évidemment d’autres cas de figure, mais ils ne nous intéressent pas aujourd’hui.

 

         Qu’en est-il des objets soumis à votation le 3 mars?

 

         L’arrêté fédéral sur la politique familiale est la conséquence d’une initiative parlementaire déposée par un conseiller national démocrate chrétien répondant au doux nom de Norbert Hochreutner, lequel considère que le rôle des mères de famille est de gagner des sous et que, par conséquent, c’est l’Etat qui doit veiller à ce que les enfants soient convenablement gardés, éduqués et aimés par des étrangers, dans des institutions dûment surveillées par l’Etat, cantonal, certes, mais aussi fédéral, puisque, en cas d’acceptation, la Confédération ne se contentera plus comme par le passé de compétences en matière d’allocations familiales et d’assurance-maternité, mais interviendra également dans la politique familiale. Est-il besoin d’en dire plus? C’est NON!

 

         L’initiative «contre les rémunérations abusives» a été lancée par un dénommé Thomas Minder, marchand de dentifrices, lotions capillaires et autres cosmétiques, devenu en 2011 conseiller aux Etats sans étiquette politique.[1]Ce monsieur et ses partisans prétendent faire disparaître les privilèges financiers – parfois choquants, il est vrai – dont bénéficient certains gros bonnets placés à la tête de sociétés cotées en bourse – apparemment, les autres entreprises sont à l’abri de ce genre d’horreurs – par l’introduction de règles aussi nombreuses et tatillonnes qu’inapplicables, raison pour laquelle, sans doute, la gauche se range comme un seul homme derrière ces humbles aigris. On n’impose pas la vertu par une disposition fédérale. C’est NON!

 

         Quant à la modification de la loi sur l’aménagement du territoire adoptée le 15 juin par l’Assemblée fédérale et qui fait l’objet d’un référendum, elle bénéficie bien entendu du soutien des socialistes, des écologistes de toutes tendances, du PDC et des associations de sauveurs de la nature, qui, incapables de comprendre qu’on n’aménage pas le territoire dans les cantons de Zurich ou de Genève de la même manière qu’à Schwytz ou à Bâle-Campagne, veulent imposer à tous les mêmes règles. C’est encore NON!

 

         Qu’on se sent donc bien dans la peau d’un Neinsager!

 

Le Pamphlet



 

 

NOTES:

[1] Il siège, paraît il, au sein du groupe parlementaire de l’UDC, laquelle est partagée sur la question soumise à votation.

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