La Suisse et l'EEE

 

Notre pays échappe depuis vingt ans aux calamités qui nous étaient promises par les partisans de notre entrée dans l’EEE. Que n’a-t-on entendu, sur la perte de nos marchés externes, sur le taux de chômage qui allait crever le plafond, sur la récession dont nous allions être victimes, alors que les pays de l’Union nageraient dans l’opulence, si nous refusions d’adhérer au traité, marchepied de notre entrée au sein de l’Union.

Grâce au Ciel (et à nos confédérés suisses alémaniques), nous avons échappé à l’EEE, mais nos autorités se comportent comme si ses règles nous étaient applicables: nous appliquons les règles communautaires comme si nous faisions partie de l’Europe, sans que nous ayons pu discuter de ces règles au moment de leur adoption.

C’est pourquoi quelques voix se font entendre, de plus en plus discrètes il est vrai, pour nous faire observer qu’à tout prendre, et puisque nous nous plions aux règles de l’Union, autant participer aux processus de décision.

C’est théoriquement exact, sauf que l’opinion de la Suisse, perdue dans des assemblées représentatives des populations, n’aurait strictement aucun poids, probablement moins que si nous restons à l’extérieur.

Reste la fameuse solidarité, tarte-à-la-crème du XXIe siècle. Pourquoi devrions-nous manifester de la solidarité à l’égard de peuples qui se sont donné des gouvernements incapables ou malhonnêtes, qui ont cru les balivernes de partis menteurs ou idiots, qui ont consommé deux fois ce qu’ils produisaient et qui s’imaginaient que cette situation pouvait perdurer ?

Sans doute le naufrage de l’Union européenne ne sera-t-il pas sans conséquences sur notre économie. Mais au lieu de nous presser sur le quai pour entrer dans le bateau qui est sur le point de sombrer, pour être solidaires des victimes, nous serions mieux inspirés, en restant bien arrimés sur la rive, de préparer l’après-naufrage.

Pourquoi nos bons diplomates ne prépareraient-ils pas les statuts d’un nouvel EEE où ne seraient admis que des Etats sérieux, industrieux, solvables et disposés à commercer les uns avec les autres dans le respect des législations particulières de leurs partenaires, notamment en matière fiscale?

Un tel espace économique européen, non pas à vingt-huit ou à trente, mais à six ou à huit, dont la Suisse assumerait la présidence initiale, justifiée par son statut actuel de meilleur élève de la classe, je n’y serais pas opposé.

C.P.

 

Thèmes associés: Economie - Politique fédérale

Cet article a été vu 3192 fois

Recherche des articles

:

Recherche des éditions