Quand on veut tuer son chien...

Les informations qui nous parviennent de Syrie sont toutes contrôlées par les forces révolutionnaires qui tentent d’abattre le régime de Bachar El Assad. La «communauté internationale» a choisi son camp et les jours du président sont comptés.

Comme en Libye naguère, les insurgés sont baptisés «armée de libération», ou «armée syrienne libre», ils sont des civils armés de leur seule foi en la démocratie et en la liberté, et ils sont impitoyablement massacrés par l’armée régulière du président, ou par des milices à sa solde.

Il n’est pas de semaine qu’on ne nous abreuve de détails effrayants sur les femmes et les enfants égorgés sans pitié à Homs ou bombardés à Houla.

Grâce aux agences de communication, le système est maintenant bien rodé et il a fait ses preuves: n’est-ce pas l’agence Hill & Knowlton qui avait inventé la fable des bébés arrachés à leur couveuse et jetés sur le sol, au Koweit, montage qui avait justifié l’intervention des Etats-Unis en Irak?

N’est-ce pas l’horrible massacre de Timisoara qui justifiera l’assassinat de Nicolas Ceausescu et de sa femme, et la chute du régime, alors même que les médias auront du mal à admettre, lorsque la supercherie sera avérée, qu’ils avaient été bernés par la mise en scène de vrais cadavres extraits de la morgue municipale?

Notre excellent confrère Rivarol rappelle également l’influence sur les bombardements de la Serbie du prétendu massacre de Račak, mis en scène par les Albanais, sous l’experte direction de l’Américain William Walker, qui n’avait pas hésité à disposer des cadavres de combattants UCK déguisés en civils comme s’ils avaient été victimes d’une exécution collective.

Les bobards de guerre ne sont pas une invention récente, mais ils sont généralement d’une redoutable efficacité, tant le public raffole de ces récits d’abominable cruauté, de viols de jeunes vierges sous les yeux de leurs mères, de petits enfants égorgés et de vieillards molestés.

Sans remonter plus haut qu’à la première guerre, les Boches ont été haïs pour avoir coupé les mains des petits enfants belges, puis, pendant la deuxième guerre, pour avoir fait du savon avec de la graisse de juifs. On sait aujourd’hui que de telles horreurs n’ont jamais eu lieu, mais il subsiste dans l’inconscient collectif une crainte diffuse du Teuton.

Les Américains alliés indéfectibles d’Israël trouveraient avantageux, aujourd’hui, de prêter la main à la chute du régime laïque de Damas et à son remplacement par des barbus membres des Frères musulmans.

Comme il faut vaincre la résistance de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité, on utilise la vieille recette des prétendus massacres de civils, recette qui a si bien fonctionné au Koweit contre l’Irak, en Roumanie, dans les Balkans contre la Serbie et qui va marcher aussi à Houla contre la Syrie.

Je ne prétends évidemment pas que personne n’a été tué à Houla. Mais je doute que le président soit l’ordonnateur de la tuerie. Is fecit cui prodest dit l’adage. Or, il est évident qu’une répression sanglante ne pourrait – ne peut – que desservir le régime. En revanche, si ces «milices» incontrôlées sont une création des insurgés, et qu’on laisse entendre qu’elles sont pilotées par Bachar El Assad, l’impact médiatique est considérable.

Après la chute de Damas, c’est l’Iran qu’il faudra éliminer, à titre préventif, pour l’empêcher de réaliser la destruction d’Israël dont on lui prête l’intention.

C.P.

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