Terre d'accueil

Lorsque, le 21 décembre 2012, le premier vaisseau spatial proximalien atterrit sur Terre, les allumés qui annonçaient la fin du monde eurent beau jeu d’interpréter la nouvelle comme la fin du monde que nous connaissions et le début d’une ère nouvelle.

Les premiers mois furent merveilleux. Les représentants de la planète Proxima, au nombre d’une cinquantaine, étaient venus en paix à la recherche d’une terre hospitalière où amarrer leur vaisseau, car ils avaient été obligés de fuir leur patrie à la suite d’une catastrophe écologique qui les avait laissés quasiment sans ressources.

Humanoïdes à la peau vert opale, ils étaient légèrement plus grands que les humains et atteignaient généralement deux mètres vingt à l’âge adulte. Mais en dehors de ces petites différences, ils avaient une apparence identique à la nôtre, deux yeux, dix doigts et un système reproductif semblable.

Au bénéfice d’une technologie nettement plus avancée que la nôtre, ils permirent à la communauté scientifique mondiale de bénéficier de leurs connaissances, ce qui impliqua d’énormes avancées dans les domaines de la fusion nucléaire et de la propulsion laser entre autres.

En ce qui concerne la spiritualité, les Proximaliens pratiquaient une religion monothéiste aux valeurs proches des nôtres, ce qui donna lieu à de nombreuses spéculations sur l’universalité de la foi.

Le 16 mars 2013, la résolution numéro C 326874 de l’ONU déclarait solennellement les Proximaliens «peuple ami de la Terre» et bienvenus parmi nous. Sur la lancée, la résolution C 326874 changeait la désignation de «droits de l’humain» en «droits de l’humanoïde».

Durant le mois de septembre 2013, les premiers vaisseaux de transport proximaliens arrivèrent sur Terre avec à leur bord des centaines de milliers d’individus venus y chercher refuge. Afin de faire face à cet afflux, les gouvernements du G20 ainsi que l’ONU et différentes ONG se réunirent, mirent en place au niveau planétaire une réglemention sur l’immigration allogène et répartirent les nouveaux venus sur le territoire mondial. A la demande de certains groupes politiques adeptes du repli sur soi, il fut décidé que le séjour sur Terre des Proximaliens serait soumis à autorisation et que les Etats seraient autorisés à établir des quotas.

En septembre 2015 fut dressé un premier bilan de l’assimilation des Proximaliens sur Terre. Il apparut à cette occasion que certaines particularités de nos invités n’avaient pas été identifiées au premier abord, comme le fait que les Proximaliennes étaient particulièrement fertiles – environ cinq enfants par grossesse – et qu'elles bénéficiaient d’un temps de gestation de sept mois seulement. D’autre part, à quelques rares exceptions près, il fut établi que les Proximaliens ne montraient aucune volonté de s’intégrer dans nos sociétés, vivant en communautés autonomes régies par des règles propres. Pour donner un exemple, la société proximalienne est soumise à des lois divines et les maîtres du culte sont en même temps les dirigeants politiques et les législateurs.

Janvier 2016: les Proximaliens demandent que leur religion soit reconnue et qu’il puissent élever des lieux de culte dans toutes les grandes villes du monde. Il demandent également que leurs enfants scolarisés puissent bénéficier d’un enseignement particulier ainsi que de menus spéciaux. Ils revendiquent de plus le droit de créer des tribunaux propres pour juger des délits commis par les leurs.

13 octobre 2036: la naissance du petit Jacknary Wlizkopol, magnifique bébé vert opale, troisième d'une fratrie de quatre, porte officiellement la population proximalienne de la Terre à cinq milliards trois cent vingt-quatre mille deux cent douze, un de plus que la population humaine.

Décembre 2054: le gouvernement mondial dirigé par Xavtec Malozik décide de rebaptiser la Terre, qui se nommera désormais Proxima2.

Xavier Savigny

Thèmes associés: Politique fédérale

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