En direct de Sirius

Sic transit (et chacun son tour)

En quatre jours, l’armée française a perdu trois hommes, lâchement assassinés. Un quatrième, sérieusement blessé, a manqué de peu d’être achevé. Ça serait presque banal si ça s’était passé en Afghanistan occupé. Mais c’est arrivé à Toulouse et à Montauban. Et ce sont des troupes d’élite qui ont été frappées, dont certains éléments sont ou ont été engagés en Afghanistan. La balistique confirme qu’une arme unique d’un calibre dépassé (11,43 mm) a servi pour les deux attaques. Ce fait et le modus operandi laissent penser que ces attaques n’ont pas été le fait de professionnels. Avec ce que cela laisse deviner comme mobiles possibles, tout militaire français est menacé en tous lieux, et les patrons de l’armée sont fondés à prendre des mesures à la hauteur du risque. Et la première révélée, c’est que dans un périmètre jugé critique les militaires sont invités à sortir en ville en tenue civile... L’armée française se trouve ipso facto dans la situation de la Wehrmacht entre 1939 et 1945. A ceci près que cette dernière n’eut jamais à subir de telles attaques sur son propre territoire et qu’il ne vint jamais à l’esprit de ses autorités de conseiller le profil bas et l’abandon d’uniforme à ses soldats, où qu’ils fussent stationnés. Au contraire et en bonne logique, il fut ordonné aux soldats du Reich de ne jamais se séparer de leur arme personnelle. Il serait d’ailleurs intéressant de connaître le point de vue des patrons de l’actuelle Bundeswehr sur la question. En tant qu’ancien commandant d’unité, il est évident que je désapprouve de tels actes de lâcheté et que les familles des trois soldats tués ainsi que le blessé ont toute ma sympathie, comme l’auraient eue les proches de l’aspirant Moser, de la Kriegsmarine, assassiné froidement le 21 juin 1942, à Paris, à la station de métro Strasbourg-Saint-Denis, de deux balles dans le dos par un membre des équipes FTP (“Francs-Tireurs (!) Partisans” communistes[1]), dont le nom de guerre fut, à la libération, donné à une autre station de métro et à une place conduisant toutes deux… au siège du parti communiste français.

Le précédent paragraphe a été composé le 18 mars à 5h. 50. Les événements survenus ensuite, jusqu’au 22 mars inclus (assassinat d’un adulte et de trois enfants dans une école à Toulouse, puis expédition – façon Jules Bonnot – dans un autre monde du tueur – un petit délinquant de droit commun passé moudjahidin à force d’endoctrinement), ont confirmé mes hypothèses. Il appert désormais qu’au moins deux de ses victimes militaires – j’ignore la religion éventuelle du soldat noir – étaient des musulmans. Dans la logique d’un assassin entré en résistance «active», ceux-ci ne pouvaient être que des renégats. Dans ce siècle où, pour la plus grande satisfaction des corrupteurs du show-biz, la vacuité culturelle le dispute à la prolifération d’oligophrènes amateurs de fictions violentes, il est évident que ce héros bon marché est susceptible de faire des émules. Les diffusions satellitaires ne connaissent pas de frontières et la crédulité non plus. Nous pouvons donc nous attendre à ce que notre pays, chaque jour poussé davantage vers l’abdication de sa souveraineté et l’abandon de sa traditionnelle neutralité par des zélotes déterminés à l’engager toujours plus avant dans la danse macabre du «concert» des nations, soit bientôt à son tour confronté à de tels événements.

La douloureuse (Adieu veaux, vaches, cochons, couvées...)

Pour avoir cajolé le Veau d’or en emboîtant le pas aux sirènes de Bretton Woods, nous voilà désormais réduits à traire des vaches maigres et à produire un chocolat de plus en plus pauvre en cacao…

Sémantique sournoise

Vladimir Poutine, qui a de moins en moins l’heur de plaire à la «communauté des nations», devrait suivre avec attention l’évolution du traitement médiatique qui lui est réservé. Depuis le regretté[2] Saddam Hussein, jusqu’à l’encore en poste Bachar El Assad, un tas de chefs d’Etats, dont la véritable faute était de constituer autant d’obstacles humains à cette entité ectoplasmique, ont été victimes des mêmes dérapages sémantiques: les médias serviles du monde «libre» les privent d’abord de titre et, le cas échéant, de grade. Ils gomment ensuite leur prénom, car il importe de déshumaniser celui qui ne sera bientôt plus qu’un patronyme. Puis ils leur appliquent l’étiquette de «dictateur», sceau d’infamie qui emporte l’adhésion des braves gens, tient lieu, en ce siècle de laïcité, de couronnement d’épines et représente l’étape ultime de la déchéance. C’est la dernière station avant l’épitaphe. En parallèle, le gouvernement légal est passé de «pouvoir» à «régime» pour finir en «dictature», cependant que les «rebelles», promus «opposants», «résistance», «forces de libération nationale», accèdent à la vertu suprême de «démocratie nouvelle», blanc-seing qui justifiera toutes les exactions et les compromissions passées et à venir. Au dernier acte, le «tyran» est expédié dans un monde meilleur ou parvient à se dénicher une tanière d’accueil dans laquelle, s’il n’est pas rapidement livré au plus offrant, il ne tardera pas, par les soins de la «Faculté» locale, à parvenir au silence éternel «des suites d’une longue maladie». Après quoi, les philanthropes n’ont plus qu’à faire leurs comptes et leurs affaires avec ceux qu’ils ont mis en place.

«Soutenir» pour créer la dépendance… et favoriser l’emploi?

La mort est le processus naturel avec lequel on peut le moins tricher: lorsque l’usure ou la maladie ont achevé de faire leur œuvre, lorsque la balle ou le plus dur que soi viennent mettre un point final à une trajectoire terrestre, il est humain que ceux qui restent en conçoivent un sentiment de perte ou d’abandon qui débouche souvent sur de la tristesse. Il peut même arriver que des gens qui, auparavant, ignoraient tout du mort, éprouvent de la sympathie, parfois même, lorsqu’une existence est perçue comme injustement écourtée, de l’indignation. Certains sont sincères, d’autres soucieux de relever, l’espace d’un instant, une existence dépourvue de relief. Mais la vie trouve toujours son chemin et il est bon d’y revenir plutôt que de se complaire dans de morbides macérations cérébrales. Il incombait jadis au prêtre, aux proches et aux amis de remettre d’aplomb les plus touchés ou les plus faibles dans les plus brefs délais. C’était beaucoup plus sain que d’activer des «cellules de soutien psychologique». A ce propos, je finis par me demander si le double rôle de cette forme contemporaine des pleureuses de l’antiquité n’est pas de maintenir les endeuillés dans une situation de dépendance très comparable au lien profitable qui maintient le patient éveillé sur le divan et, dans le dos de celui-ci, le psychanalyste assoupi sur ses relevés bancaires, tout en contribuant sournoisement à réduire le chiffre du chômage...

Mode des années à venir: privilégiez les manches courtes

Au vulgum pecus qui se pâme d’aise de voir son petit chez-soi et celui de tout un chacun – mais pas les demeures des maîtres, à distance efficace de leurs murs d’enceinte – exposés sur la «Toile» et qui ignore encore qu’à Arlington (USA), à la Defense Advanced Research Projects Agency, ils planchent sur «un ordinateur qui vous reconnaîtra», je conseille l’adoption de la manche courte. En ce siècle où il n’aura bientôt plus que le seul droit imprescriptible d’acquiescer, ça évite aux menottes d’effranger les manchettes.

Max l’Impertinent


[1] Passés à la résistance à la rupture du pacte germano-soviétique, le 21 juin 1941, au moment de l’invasion préventive de l’URSS par l’armée allemande.

[2] … par de plus en plus d’Irakiens.

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