Vers la fin de l'UE

Personne ne croit plus à l’avenir de l’Union européenne ni à celui de l’euro, sauf peut-être quelques optimistes béats. L’Union a été condamnée au moment où les six membres d’origine ont cru devoir ouvrir la porte à de nouveaux membres dont le système politique, l’économie, et les finances, l’ardeur au travail, les possibilités d’épargne et de croissance étaient incompatibles.

Depuis la déconnexion entre le dollar et l’or en 1971 et la fin du système de Bretton-Woods, les banques ont créé une masse de monnaie scripturale qu’aucun référent réel ne limitait plus. Ce ne furent plus les dépôts qui permirent les crédits, mais bien les crédits qui créèrent les dépôts.

Les Etats se sont dès lors endettés avec d’autant moins de scrupules qu’ils n’étaient pas obligés de faire marcher la planche à billets, source probable d’inflation, mais qu’il leur suffisait d’emprunter pour financer les dépenses (excessives) destinées à assurer la réélection de leurs leaders et de faire supporter aux enfants et petits-enfants le poids des amortissements.

L’escroc, grisé par le succès de ses manœuvres, ne sait pas s’arrêter. De même, les banquiers de Goldmann-Sachs, qui ont largement profité du système monétaire européen – s’ils ne l’ont pas conçu eux-mêmes –, ont commis la faute de trop en faisant entrer la Grèce dans l’Union grâce à de faux rapports et des statistiques truquées.

Cette manipulation aura permis aux Grecs de vivre trente ans largement au-dessus de leurs moyens, de multiplier les emplois de fonctionnaires inutiles et bien rétribués, tout en fraudant leur propre fisc de manière impudente.

A un moment, il suffit d’un petit enfant pour remarquer à haute voix que le roi est nu. Les gens lucides s’aperçoivent alors que les «dettes souveraines» ne seront jamais remboursées, parce que les habitants se sont habitués depuis trop longtemps à vivre au-dessus de leurs moyens, en y étant largement encouragés par l’exemple de leurs propres gouvernants.

Il n’est plus temps d’imaginer des restrictions qui imposeraient une diminution du train de vie pour les classes moyennes alors même que les banques, principales responsables du chaos financier, se verraient offrir des subventions au motif qu’elles sont «too big to fail».

Mais on a risqué gros: M. Papandréou a lancé le bruit, avant le sommet de Cannes, qu’il allait soumettre à un référendum populaire les mesures d’austérité imposées à son pays par le couple Merkel-Sarkozy. Un vent de panique a soufflé sur le G20 dont tous les membres ont compris que si référendum il y avait, les mesures seraient refusées et que ce refus risquait de faire éclater l’euro… et l’Union.

On a dû, en catastrophe, imaginer une dialectique audacieuse pour expliquer qu’il était contraire à l’essence de la démocratie de consulter le peuple dans ce cas-là. Avouons qu’il fallait le faire!

Les pressions sur la Grèce ont été assez fortes pour que M. Papandréou cède sur le référendum, et cède même son fauteuil. Son successeur est issu de Goldmann-Sachs, comme l’est aussi le nouveau premier ministre d’Italie. On se retrouve entre tricheurs amis, pour asseoir le règne de l’Empire, comme le proclame le politologue Alain Soral en France, soit l’empire mondial américano-sioniste.

Pourra-t-on pousser la supercherie plus loin encore? Va-t-on permettre à la Banque centrale européenne de prêter aux Etats membres, au mépris des traités, pour reculer encore le moment de vérité?

Certains en sont tentés, comme l’entrepreneur ruiné veut encore croire, jusqu’à la dernière minute, au client miracle qui va le sortir d’affaire ou à un ultime délai accordé par un créancier. On pourrait encore différer le moment où, soyons sérieux, il faudra dire aux créanciers de la Grèce qu’ils ne recevront rien. Mais il faudra une fois le leur dire.

On tire un trait. Cela rappellera à certains l’emprunt russe, sauf que l’emprunt russe avait été souscrit par les petits porteurs de la classe moyenne d’Europe, alors que les créanciers de la Grèce sont des banquiers de Wall Street, qui ont prêté des fonds qu’ils n’avaient pas à un taux qu’ils savaient excessif.

La Grande Bretagne, qui n’a pas adhéré à l’euro, ne veut pas suivre les injonctions de l’Union et elle a bien raison.

Les eurosceptiques de Suisse ricanent dans leur coin: les faits leur donnent une fois de plus raison, et, comme disait Lénine, les faits sont têtus.

C.P.

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