Régime: le non-sujet perpétuel

Dans 24 heures du week-end de Pâques, Madame Sandra Weber fait la preuve de son exceptionnel don d'observation en constatant que, chaque année, aux premiers signes du printemps, les publicités pour les régimes minceur foisonnent. Et c'est donc, comme chaque année, l'occasion pour une journaliste en mal d'inspiration de consacrer plus d'une demi-page à la question. Comme chaque année, on nous révèle que les solutions miracles n'existent pas, que les systèmes misant sur la privation et le court terme sont mauvais et que le secret réside dans un mode d'alimentation sain et équilibré, assorti d'exercice physique régulier (au minimum trente minutes par jour). Comme chaque année, on fustige l'image du corps parfait véhiculée par la publicité et qui traumatise un grand nombre de femmes. Comme chaque année enfin, on interroge des spécialistes et un ancien gros susceptible de convaincre les plus sceptiques grâce à l'aspect poignant de son témoignage.

Pour notre part, nous nous faisons, chaque année, les réflexions suivantes: une alimentation saine et équilibrée telle que conçue par les spécialistes en tous genres, composée essentiellement de légumes à l'eau et de viande maigre, prohibant le gras et l'alcool, est une torture telle qu'elle ne peut être suivie, sur le long terme, que par les masochistes ou les ennemis de la gastronomie; la faculté de consacrer trente minutes par jour à l'exercice physique n'est donnée qu'aux retraités, aux profs de gym et aux nutritionnistes indépendants dont le carnet de rendez-vous est aussi maigre que l'alimentation qu'ils préconisent – ceci expliquant peut-être cela; même si les publicitaires avaient l'idée saugrenue de chercher à vendre costumes de bain et sous-vêtements en choisissant pour modèles des matrones aux seins flasques, aux cuisses épaisses et aux mollets de vieux Suisses, la conviction que seule la «beauté intérieure» compte ne l'emporterait pas pour autant: à moins d'interdire aux filles ravissantes de sortir dans la rue, les maris continueront à se retourner sur leur passage avec un regard gourmand.

La loi fédérale qui réglera tous ces problèmes n'étant pas encore sous toit, Madame Weber pourra écrire le même article l'année prochaine. On lui suggère toutefois de faire montre d'un peu plus de sagacité dans le choix du «témoin». S'adresser dans ce domaine à Marie-Ange Brélaz, qui a eu recours au bye-pass, et dont le conjoint représente, aux dires de certaines sources, le plus efficace des coupe-faim pour quiconque se trouve en sa présence aux heures des repas, est aussi avisé que de requérir les conseils d'un failli en matière de gestion d'entreprise.

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