Que faire après?

Une polémique agite le landernau politique à Vevey, qui concerne le parachute offert à Monsieur Jerôme Christen, éjecté de la Municipalité, et qui pourrait recevoir une indemnité de départ de 55'000 francs, soit de six mois de salaire, pour lui permettre de «se retourner» comme on dit en vaudois.

Un élu en a été irrité: «Cette disposition scandaleuse et antidémocratique reviendrait, si elle était acceptée, à punir les électeurs pour avoir mal voté.»

Plusieurs autres communes connaissent une règle comparable, mais elles ont eu l’habileté de la faire adopter avant les dernières élections, c’est-à-dire avant qu’on sache à qui elle allait profiter.

Plusieurs cantons et même la Confédération connaissent pour leurs membres du gouvernement non-réélus le principe d’un dédommagement financier qui les met à l’abri du chômage, mais surtout de la tentation de se préparer, pendant leur activité ministérielle, un siège lucratif dans tel ou tel conseil d’administration, au risque de devoir payer à l’avance cette promesse d’embauche par des… services rendus.

Un ancien conseiller fédéral devrait pouvoir, après son règne, se passer de Nestlé ou d’Implenia. Monsieur Max Petitpierre a peut-être rendu d’éminents services à la firme veveysanne et M. Moritz Leuenberger sera probablement un acteur important pour le célèbre constructeur, mais les indemnités qui leur sont servies par la caisse fédérale après leur retrait du gouvernement devraient leur permettre de survivre et même de beurrer leurs épinards.

D’ailleurs, on peut se demander à quoi peut bien servir – ou en d’autres termes comment recycler – un magistrat qui a interrompu pendant quatre, huit ou douze ans son activité professionnelle habituelle, pour s’occuper de gérer une commune ou un canton, ou même la Confédération.

Il y en a, comme Josef Zysiadis, pour qui c’est facile. Comme ils ne savaient rien faire avant d’entrer en politique, il leur est aisé de recommencer à brasser des nuages après avoir été éjectés du gouvernement.

Il y en a qui ont confié l’entreprise qu’ils dirigeaient à leur femme ou à leur fille et qui en reprennent les rênes après avoir tâté du pouvoir.

Pour d’autres, c’est plus compliqué. Si l’on peut aisément reprendre son enseignement en mathématiques ou en exégèse des Pandectes, où les nouveautés sont rares, je ne peux pas croire qu’on puisse reprendre la pratique du barreau après l’avoir abandonné, ne serait-ce que deux ans, sauf si l’on est un avocat genevois sans le moindre intérêt pour la science juridique, mais habile à exploiter un réseau de connaissances sociales.

Si l’on veut donc des magistrats qui ne soient pas le restant de la colère de Dieu et briguent une magistrature pour échapper au RI, il faut leur assurer un revenu attractif et même des indemnités généreuses en cas de non-réélection. Ces indemnités pourraient, par hypothèse, être réduites si l’ex-magistrat peut retrouver un emploi rapidement dans une fonction rémunérée pour une entreprise sans but lucratif, comme une association ou une fondation.

C.P.

Thèmes associés: Politique fédérale - Politique vaudoise

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