Sursum corda!

Je me réjouis de voir l’air dépité des naïfs qui nous juraient encore il y a peu qu’en entrant dans l’Union européenne, «nous pourrions y faire entendre notre voix», que «nous pourrions participer à ses décisions», comme si l’UE était un modèle de démocratie participative…

Nous avons été membres fondateurs de l’OECE, qui a donné naissance à l’OCDE, organisation pour la coopération et le développement économique, dont nous faisons toujours partie et qui s’est néanmoins permis, sans nous consulter, de nous porter sur la liste infamante des mauvais élèves épinglés par le G20.

Ces listes, noires, gris foncé ou gris clair, sont une farce: la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis n’y figurent évidemment pas, puisque ce sont eux qui désignent les «coupables».

Mais Wallis et Futuna font partie du territoire français, et une partie de leurs recettes publiques est constituée par la taxe annuelle forfaitaire sur des sociétés extraterritoriales, qui n'ont aucune activité sur le territoire de Wallis et Futuna, dont le seul but est de frauder l'impôt et les taxes en France ou dans d'autres pays. Dans le même registre de sociétés fictives, Wallis et Futuna sont spécialisées dans les pavillons de complaisance.

La Polynésie française ne connaît ni impôt sur le revenu, ni impôt de solidarité sur la fortune, ni droits de succession.

Si M. Nicolas Sarkozy veut éliminer de la surface du globe les «paradis fiscaux», il pourrait commencer par s’en prendre à ceux qui dépendent directement de lui.

Au Royaume-Uni, Londres est le plus merveilleux des paradis fiscaux pour les non-résidents, qui ne sont soumis à aucune taxe. Pour tous ceux qui profitent de ses relais exotiques des Bermudes, des Bahamas ou des Iles Vierges battant pavillon britannique, l’opacité financière est presque totale.

Aux Etats-Unis, il existe un Etat, le Delaware, où n’existent ni TVA, ni impôt sur les bénéfices, ni identification de l’ayant droit économique en cas d’ouverture d’un trust. L’impôt sur les sociétés y est forfaitaire et très faible. Des dizaines de milliers d’entreprises américaines y ont installé leur siège social.

Ces pays sont sur la liste blanche des meilleurs élèves. Ce sont eux qui distribuent les mauvaises notes, et qui encouragent un clown hargneux comme M. Peer Steinbrück, ministre des finances allemand, à nous traiter d’«Indiens fuyant la cavalerie»!

Ce personnage estime que ses compatriotes ont placé 200 milliards d’euros sur des comptes en Suisse.

«Sur la base d'un intérêt annuel moyen de 4%, cela donnerait 8 milliards de revenus de l'épargne», calcule Peer Steinbrück. Donc, si les directives de l'UE en la matière étaient enfin étendues à tous les types de revenus du capital, «je devrais toucher deux milliards d'impôts à la source», précise-t-il dans une interview récente.

Il y aurait deux questions à poser au Zorro de la finance allemande: primo: quels sont les placements d’épargne qui rapportent aujourd’hui un intérêt annuel moyen de 4 %? Secundo – et c’est la plus importante – pourquoi, à son avis, ses compatriotes fuient-ils à ce point (si son estimation est juste) leurs propres banques?

Le président français et la chancelière allemande font mine de s’indigner que leurs ressortissants choisissent de placer une partie de leur épargne en Suisse.

Les Gaulois et les Germains auraient-ils perdu la foi dans les vertus de l’Union européenne dont ils sont pourtant les leaders?

Dans une contribution d’internaute confiée au site www.commentaires.com, en réaction à un article de M. Uli Windisch, M. Reto Buchli écrit:

«Le parti socialiste revient avec son rêve de faire partie d’une Union Européenne mythique et idéalisée, qui n’a aucune chance d’exister. La réalité est malheureusement tout autre. (…)

La France: son revenu médian des ménages, ajusté pour le coût de la vie est de 40% inférieur au nôtre. Son taux de prélèvements obligatoires est le double du nôtre. L’Etat pouvant prendre des participations dans l’économie privée, il n’y a pas de séparation entre les intérêts publics et les intérêts privés, ce qui ouvre la porte à toute forme de conflits d’intérêts, et de corruptions. La France a une législation fiscale extrêmement complexe, truffée de privilèges injustifiés et d’incohérences. Sa constitution donne le pouvoir au président de passer des lois sans vote de l’Assemblée, et de dissoudre l’Assemblée à sa guise. Il s’agit en fait d’un Etat totalitaire avec un président élu tous les cinq ans au suffrage universel. Il n’y a pas de contrôle démocratique des dépenses de l’Etat. Son système d’éducation est médiocre (ses grandes écoles sont en queue de peloton sur le plan mondial). Et le plus aberrant est son système de retraite par répartition. Nous avons affaire ni plus ni moins à un système Madoff: l’épargne des derniers investisseurs est redistribuée aux plus anciens. Une parfaite bombe à retardement qui va exploser quand le flux d’apports nouveaux se réduira, ce qui est inévitable en période de récession…»

Poursuivant sa démonstration avec l’Allemagne et le Royaume-Uni, l’auteur estime que, si l’indépendance politique n’est plus possible, nous aurions avantage à demander aux Etats-Unis de nous admettre en qualité de cinquante et unième Etat de l’Union.

* * *


L’indignation de nos conseillers fédéraux a été trop molle, et trop tardive. Ce n’est pas Micheline Calmy qu’il fallait envoyer à Paris ni le président de la Confédération chez Gordon Brown et dans les capitales européennes pour défendre nos intérêts, mais des diplomates de la stature d’un Thomas Borer en qualité de ministre plénipotentiaire, ce même Borer qui fut chef de la Task Force en 1996, au temps des célèbres fonds en déshérence, puis ambassadeur de Suisse en Allemagne, avant que l’insignifiant Joseph Deiss ne le pousse à la démission.

On a gelé, timidement, une petite contribution à l’OCDE, mais dans le même temps on promet au FMI des milliards.

Si les Etats de l’Union européenne se permettaient de violer ou même de suspendre les accords internationaux qu’ils ont conclus avec nous, par exemple en matière de double imposition, nous pourrions aussi, pour un temps, interdire aux poids lourds le transit de l’Allemagne ou vers l’Allemagne à travers les cols alpins.

Pour le reste, ne nous pressons pas de disparaître de leur ridicule liste grise. Que nos banquiers proposent à leurs clients la création de trusts à la manière anglo-saxonne! Concluons des accords avec des moutons blancs en matière financière, comme Hong-Kong, Macao, Jersey et Guernesey!

Et achetons des avions de combat en Suède, s’il est démontré qu’il faut en acheter. Et haut les cœurs!

NOTES:

PS J’ai signé la pétition de l’ASIN (www.asin.ch) demandant au Conseil fédéral de ne faire aucune concession en matière de secret bancaire et de souveraineté fiscale, et de préparer des mesures de rétorsion.

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