Bricoles

Policiers

Il ne fait pas bon être policier à Lausanne. Depuis qu’on a introduit des commissions d’éthique et des programmes de management canadiens, le commandant n’ose plus prendre une décision sans la mettre aux voix au sein de son état-major!

En outre, celui qui avoue franchement à son chef qu’il a commis une faute est prétérité par rapport à celui qui nie, car ce dernier conserve tous ses droits face au juge, alors que le premier voit ses aveux directement transmis à la justice pénale, sans qu’on l’ait informé préalablement de son droit de se taire.

C’est dans cette chic ambiance que plusieurs policiers sont traînés devant le tribunal pour abus d’autorité (?): l’un d’eux avait balancé une claque à un malfrat qui menaçait ses filles et un autre avait conduit un suspect dans les bois de Sauvabelin, pour encourager son goût de la course à pied.

Le premier a eu tort, mais son geste ne mérite qu’une peine disciplinaire et pas l’ouverture d’une enquête pénale. Quant au second, je l’approuve sans réserve. (cp)

Incohérence

Que la population ne s’inquiète surtout pas: elle sera quand même protégée de la violence des armes, malgré elle s’il le faut. Notre fédérale «ministre» de la justice et de la police l’a promis aussitôt connu le résultat de la votation du 13 février. En effet, à peine le Parti socialiste avait-il exprimé son indignation face à un adversaire qui avait joué sur la corde émotionnelle – le PS ayant, comme chacun sait, fait preuve au cours du débat de l’objectivité et de l’honnêteté intellectuelle qui font sa gloire depuis plus d’un siècle – que Madame Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale socialiste, annonçait son intention de soumettre au Conseil fédéral de nouvelles propositions en ce sens.

Il est tout de même étrange que tiennent tant à nous protéger de la violence des armes ceux-là même qui s’opposent à l’expulsion des délinquants étrangers et voient dans chaque petite frappe, suisse ou non, une victime de la société qu’il faudrait réinsérer au plus tôt. Mais, comme rappelé plus haut, les socialistes sont à l’abri de tout soupçon de pensées inavouables. (mp)

Bébé médicament

La secrétaire d’Etat à la santé française Nora Berra trouve admirable qu’on puisse concevoir par fécondation in vitro – ce qui permet, si j’ai bien compris, de choisir des embryons sains après un double diagnostic génétique pré-implantatoire – un bébé qui permettra, grâce au sang de son cordon ombilical, de soigner la maladie génétique dont est atteinte sa sœur aînée. Mais elle ne veut pas qu’on l’appelle «bébé médicament», car «ce bébé est avant tout le fruit d’un projet parental».

Avec ce genre de raisonnement, on s’engage sur la voie des choix génétiques en toute bonne conscience. Il suffit d’annoncer qu’il s’agit d’un «projet parental» et le tour est joué: chaque couple pourra «commander» son bébé en fonction de ses préférences concernant son sexe, ou la couleur de ses cheveux et de ses yeux. On «cultivera» des embryons jusqu’à ce qu’on trouve le bon et ceux qui ne font pas l’affaire seront ensuite jetés à la poubelle.

Au fait, s’est-on jamais avisé que l’avortement relève assez souvent de cette logique? «Un enfant, oui, mais plus tard», n’est-ce pas un «projet parental»? (mp)

L’empoisonneur

Monsieur Jacques Attali, économiste, écrivain et oracle socialiste français, est d’avis qu’il faut interdire la production, la distribution et la consommation du tabac qui, à ce qu’il dit, fait cinq millions de morts par année dans le monde, soit plus que le sida et le paludisme réunis.

Contrairement aux autres socialistes qui, on l’a vu, ne mangent pas de ce pain-là, Jacques Attali tente de faire peur en brandissant un chiffre à première vue énorme, mais qui, par rapport à la population mondiale reste somme toute assez gentillet: à peine plus de sept pour dix mille, ce n’est tout de même pas encore une hécatombe. On apprend au passage avec soulagement que le sida n’est pas tout à fait aussi meurtrier qu’on voulait nous le faire croire – pour le paludisme, on s’en doutait.

Notre bienfaiteur de l’humanité balaie d’un revers de la main les inconvénients mineurs qu’entraînerait cette mesure radicale: qu’est-ce que «quelques emplois» ou «quelques recettes» perdus au regard de la qualité et de l’espérance de vie qui résulteraient de l’interdiction pure et simple de fumer? Monsieur Attali ne semble pas avoir pensé une seule seconde que la qualité de vie, c’est aussi, pour la plupart des gens, agir librement au moins chez soi; qu’une plus grande espérance de vie à la sauce attalienne, c’est, pour beaucoup, la perspective d’une longue désespérance.

Gageons que les empoisonneurs du genre Attali sont à l’origine d’un plus grand nombre de suicides que les armes à feu dénoncées par ses émules. (mp)

Encore un strapontin

On se souvient qu’un des arguments brandis naguère par les partisans de l’entrée de la Suisse à l’ONU étaient que notre pays se devait d’occuper au sein du «nid de colombes» autre chose qu’un strapontin. Nous y occupons depuis 2002 un siège authentique, et le moins qu’on puisse dire est que nous ne nous y sommes pas illustrés.

C’est peut-être pour cette raison que la Suisse n’a pas été invitée au sommet du G20, gros machin politico-économique, qui se tiendra en novembre à Cannes. Notre présence sera toutefois tolérée à «tous les séminaires de haut niveau» consacrés à la réforme du système monétaire international. On nous offre un strapontin, en somme. (mp)

Protection encore et toujours

Il y a eu un grave «dérapage» sur le réseau social Facebook, bien connu des usagers d’internet. Un étudiant de l’Ecole hôtelière de Lausanne a écrit à une de ses condisciples, candidate comme lui au Conseil des étudiants de l’EHL, un message contenant une menace de mort et agrémenté d’une petite icône souriante indiquant qu’il plaisantait. La farce n’était sans doute pas d’un goût parfait, mais il n’y avait vraiment pas de quoi en faire un scandale public.

Eh bien, si! On en a fait tout un formage, grâce à un autre usager de Facebook, plus doté d’esprit flicard que de sens de l’humour, et qui a dénoncé le mauvais plaisant. La direction de l’Ecole hôtelière a suspendu le jeune homme jusqu’à la fin de l’année académique. Elle a décidé de «sensibiliser» davantage les jeunes aux dangers des dérapages sur internet, de se lancer dans une «action préventive» et d’organiser une conférence sur le sujet.

L’histoire ne nous dit pas si une cellule psychologique a été mise sur pied. (mp)

La dernière d’Andreas

Le 14 février, soit le lendemain de la votation sur les armes, on apprenait qu’Andreas Gross, conseiller national socialiste, fondateur et ancien membre du Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA), proposait une fusion des armées de l’air suisse et autrichienne, jugeant inutile que deux très petits Etats disposent de deux armée de l’air distinctes.

En voilà une bonne idée! encore qu’on ne voie pas très bien pourquoi ce raisonnement philosophico-stratégique ne s’appliquerait qu’à de petits Etats. On ne voit pas pourquoi il serait utile que l’Allemagne et la France disposent de deux armées de l’air distinctes; ni les Etats-Unis et le Canada.

Il a tout compris Andreas! (mp)

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