Editorial

Le 17 mai, les Suisses en âge de voter devront se prononcer sur deux objets: l’introduction du «passeport biométrique» doté d’une puce électronique, et l’article constitutionnel «Pour la prise en compte des médecines complémentaires» qui a été élaboré en vue de contrecarrer l’initiative populaire «Oui aux médecines complémentaires», laquelle a été retirée.

Cette votation sur le nouveau passeport intervient à un mauvais moment – mais y en aura-t-il jamais de meilleur? Une partie de la population, excédée par les innombrables obligations et interdictions décrétées par les autorités – ou réclamées par les prétendus champions du bien-être et de la bien-pensance universels – se trouve prise dans un carcan et sent venir le moment où chaque citoyen se verra poser sous la peau une puce électronique qui permettra de le suivre et de le contrôler en toute occasion. Big Brother est à nos portes, dit-elle, et elle n’a peut-être pas tort. Toutefois, dans le cas qui nous occupe, il s’agit avant tout d’utiliser les progrès de l’électronique pour faciliter les contrôles aux frontières. Les indications enregistrées sur la puce seront celles qui figurent sur les passeports traditionnels, auxquelles s’ajouteront deux empreintes digitales, ce qui ne devrait pas effrayer les honnêtes gens et leur permettra peut-être parfois de prouver rapidement qu’ils ne sont pas le vilain criminel que leur affreuse photo laissait supposer. Alors, pourquoi pas?

En ce qui concerne l’article constitutionnel sur la prise en compte des médecines complémentaires, au-delà des arguments des uns – après tout, ces médecines ont été prises en charge par l’assurance de base pendant des années; les gens doivent avoir le droit de choisir le type de soins auxquels ils veulent recourir – et des autres – le droit aux médecines complémentaires ne doit pas être inscrit dans la constitution au détriment de la médecine classique; les médecines complémentaires doivent rester complémentaires et relever des assurances complémentaires –, nous voyons une raison essentielle de rejeter l’article constitutionnel comme tout projet d’«amélioration» de l’assurance de base, d’ailleurs: il perpétue l’idée que l’assurance maladie obligatoire est une bonne chose en soi et qu’elle ne nécessite que des aménagements. Or, et nous le disons depuis le début, le seul moyen de juguler l’explosion des coûts de la santé est le retour à l’assurance facultative qui répondra aux besoins particuliers de chacun, et supprimera la tendance des assurés à se précipiter chez le médecin au moindre bobo pour «amortir» des primes jugées trop élevées.

Big Brother n’est pas toujours où l’on croit.

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