A votre santé!
Depuis plusieurs années, et cette année tout particulièrement, les vignerons suisses sont confrontés à une diminution dramatique de leurs ventes. Non seulement la consommation de vin diminue, mais en plus les vins suisses perdent des parts de marché face à leurs concurrents étrangers.
Le second phénomène n’a hélas rien de surprenant dans une société bigarrée et multiculturelle, où l’on se sent Italien, Espagnol ou Portugais avant d’être Vaudois, Neuchâtelois ou Genevois. On peut aussi se demander si, dans un environnement de plus en plus urbanisé, les bobos branchés des villes sont réellement conscients qu’il existe des vins locaux, eux qui considèrent les vignes comme des surfaces de délassement écologiques et non comme des lieux de production. Ce qui est sûr, c’est que les grandes théories sur les «circuits courts» et les sermons sur l’obligation morale de «consommer local» ne sont ici que des mots; des slogans à la mode qu’on colle à l’arrière de sa voiture pour se vanter d’être un citoyen responsable.
Quant à la diminution de la consommation globale de vin, elle s’explique, là encore, par de nouvelles générations majoritairement citadines, qui n’ont jamais visité de domaine viticole ou de cave durant leurs années scolaires. Elles n’ont jamais participé à des vendanges, ne se sont jamais penchées sur un cep, n’ont jamais senti l’odeur de la vigne, des tonneaux ou de la fermentation. Elles n’ont jamais respiré un verre de vin – à défaut d’avoir l’âge pour y tremper les lèvres. Tout ce qu’un jeune adulte d’aujourd’hui peut connaître de la vigne, c’est que c’est plein de microparticules de produits chimiques très dangereux pour la santé, comme le répètent les lobbys écologistes.
Mais le facteur déterminant dans l’appauvrissement de notre viticulture reste assurément le travail de sape mené par l’idéologie hygiéniste, avec ses experts, ses spécialistes, ses addictologues (sic) et ses professionnels de la prévention, qui occupent le terrain et se répandent en discours anxiogènes et moralisateurs dans tous les grands médias. Les mêmes qui militent sans complexe pour la dépénalisation des drogues revendiquent la prohibition de toute consommation d’alcool (ils parlent d’«alcool» pour éviter le mot «vin», connoté positivement), avec les mêmes arguments que pour le tabac, la viande, le sucre ou d’autres produits couramment consommés depuis la nuit des temps. Outre une myriade d’associations plus ou moins subventionnées, ce sont des institutions comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou l’Administration fédérale qui propagent la nouvelle doctrine: Même une consommation modérée doit être considérée comme problématique! Même en petite quantité, l’alcool est nocif! Ces affirmations fallacieuses sont répétées inlassablement sur tous les canaux de communication, dans l’espoir de déstabiliser les consommateurs et de promouvoir des réglementations de plus en plus strictes. Et ceux qui remettent en question ces études prétendument scientifiques sont tournés en ridicule dans la presse1.
A l’approche des fêtes de fin d’année, la presse nous en sert double ration. On a même pu lire récemment que la bière sans alcool et le champagne sans alcool sont dangereux, car ils pourraient donner l’idée aux jeunes de boire plus tard des versions alcoolisées2.
Alors, lorsque vous fêterez Noël et Nouvel-An avec vos proches, pensez à tout ce grouillement de sinistres prophètes qui souhaitent vous voir vivre longtemps et malheureux. Ouvrez quelques bouteilles de nos excellents vins, et buvez!
Pollux
1 Voir par exemple ce titre assez répugnant: https://www.20min.ch/fr/story/parlement-boire-c-est-risque-meme-avec-moderation-des-elus-paniquent-103456613.
2 https://www.20min.ch/fr/story/suisse-biere-0-une-bonne-chose-mais-pas-pour-les-jeunes-103454294 et https://www.20min.ch/fr/story/prevention-de-l-addiction-mousseux-sans-alcool-pour-enfants-amusant-ou-inquietant-103459544.
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