Démocratie et privilèges
Depuis quelque temps, la fonction publique vaudoise multiplie les journées de grève et les manifestations pour protester contre une diminution des salaires prévue par les autorités dans le but de redresser les finances cantonales.
A cette occasion, les syndicats qui défendent les pauvres membres du corps enseignant exploités ont constaté que ceux-ci ne peuvent pas à la fois débrayer, manifester et assurer le bon fonctionnement de leurs classes, notamment en respectant le nombre et les délais des évaluations du premier semestre de l’année scolaire. Ils ont donc demandé à la Direction générale de l’enseignement obligatoire et de la pédagogie spécialisée (DGEO) de revoir à la baisse le nombre de ces contrôles imposés.
Je suppose bien que cette requête ne visait que l’intérêt des élèves menacés de surcharge. Qui irait croire que les enseignants grévistes pourraient rechigner devant le travail à rattraper du fait de leurs absences répétées?
Bizarrement, la DGEO a dit non, officiellement parce que «la majorité des enseignants ont anticipé leurs objectifs et que la plupart des élèves n’ont pas vécu de fermeture totale des écoles». Je ne serais pas surprise, toutefois, que ce refus ait un petit côté punitif.
Je ne suis pas enthousiasmée non plus par la manière dont le Canton gère l’argent des contribuables, mais j’estime que, étant au service du public et rémunérés par ce dernier, les employés de l’Etat n’ont pas à abandonner leurs postes. Il leur suffit de chercher du travail ailleurs s’ils ne sont pas satisfaits de leur sort, au lieu de brailler dans les rues, de compliquer la vie de leurs concitoyens privés de transports publics et de négliger malades et élèves.
Ces gens, syndicats en tête, se prétendent démocrates, mais contestent les décisions du Grand Conseil et du Conseil d’Etat, institutions démocratiques issues de processus démocratiques.
Il faut se rendre à l’évidence: la défense des privilèges n’est pas qu’une vieille histoire d’ancien régime.
Mariette Paschoud
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