L'avis de Louise Cougnard

Madame la rédactrice en cheffe,

Je suis actuellement en convalescence chez ma petite-nièce suite à une opération de la cataracte. Il se trouve que ma colinette – c'est comme cela que j'appelle ma petite-nièce, parce que je l'aime beaucoup – avait en sa possession le dernier numéro de votre abominable feuille de chou. Je lui ai bien entendu fait part de ma déception, mais elle m'a expliqué que c'était pour la préparation de son doctorat. Car ma petite-nièce est très intelligente; elle rédige un travail de sciences politiques sur l'évolution de l'extrémisme de droite chez les femmes entre 2000 et 2009 dans les zones urbaines de la région lémanique. Heureusement qu'il y a des gens comme elle pour se préoccuper des véritables problèmes de notre société.

Ma colinette m'a lu – moi, j'ai de la peine à lire à cause de mon opération – les propos ignobles de votre affreux collaborateur Monsieur Pollux qui dit paraît-il toujours des méchancetés sur les gens très bien. Il s'en prenait cette fois au remarquable travail des géographes et à leurs conclusions sans appel sur la discrimination en milieu scolaire. J'ai longuement hésité avant de m'abaisser à vous faire part de mon indignation, mais ma petite-nièce m'a convaincue que ne pas réagir revenait à cautionner des propos qui rappellent les heures les plus sombres de notre histoire. Elle a un ami géographe qui est très poli et qui lui a assuré que les étrangers et spécialement ceux qui vivent à la Bourdonnette parviennent moins facilement à faire des études supérieures alors qu'ils sont très intelligents. Ma coiffeuse m'a d'ailleurs raconté que le fils de sa concierge sera obligé de faire un apprentissage alors même qu'il parle très bien le portugais et a obtenu le prix de dessin.

Cette situation scandaleuse perdure à cause de fascistes dans votre genre, et aussi à cause des patrons et des banquiers qui ne sont intéressés que par le profit et qui reçoivent de l'argent de la Confédération au détriment des plus démunis et des géographes. Heureusement qu'on a Madame Lyon au gouvernement vaudois et qu'elle consacre beaucoup d'énergie à lutter contre la discrimination. J'ai voté pour elle et toute ma famille a fait de même, à l'exception de mon beau-fils qui subit toujours l'influence délétère de votre canard boiteux (ce jeu de mots m'a été soufflé par ma petite-nièce, qui est très intelligente et qui a beaucoup d'humour). Il paraît que Madame Lyon prépare un contre-projet à l'initiative Ecole 2010 qui a été conçue par des affreux rétrogrades nostalgiques de l'école de grand-papa. Je vais donc écrire à notre conseillère d'Etat, sur le conseil avisé de ma colinette, pour lui demander de prévoir dans la loi des quotas d'étrangers dans toutes les classes et à tous les niveaux. Grâce à cela, l'égalité des chances sera réalisée, les xénophobes que vous êtes seront bien embêtés et le travail des géographes sera enfin mieux valorisé.

Je ne vous salue pas.

Thèmes associés: Ecole - Humeur - Société

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