Servitude obligatoire
Ayant lu, dans la perspective de la votation fédérale du 30 novembre sur l’initiative populaire «Pour une Suisse qui s’engage (initiative service citoyen)», de nombreuses prises de positions, j’ai été frappée par le fait que personne ne parle de la déchéance qu’implique ladite initiative.
Les opposants ont avancé des arguments de toutes sortes. Certains ont évoqué les coûts, d’autres ont parlé bureaucratie, d’autres encore ont dénoncé un système mal fichu et inégalitaire – je m’arrête là, mon intention n’étant pas de proposer une liste exhaustive –, mais personne à ma connaissance n’a signalé que les initiants et leurs partisans sont mûrs pour la servitude. Eux-mêmes n’y seront pas tous soumis, mais ils sont tous d’accord pour appeler de leurs vœux l’asservissement de leurs concitoyens.
Car si l’engagement militaire, consenti avec plus ou moins d’enthousiasme ou même à contrecœur, est un authentique service civique qui, chez nous, est irremplaçable, les autres fonctions, dont certaines d’ailleurs restent à inventer, ne seraient que du travail obligatoire. Les astreints des deux sexes ne seraient que les sous-fifres d’entreprises diverses tout heureuses d’avoir à disposition un inépuisable réservoir de serviteurs, de domestiques et de larbins, toutes fonctions honorables quand elles sont librement consenties et justement rémunérées, mais dégradantes quand elles sont obligatoires et sous-payées.
Si les Suisses acceptent l’initiative, ils démontreront qu’ils n’ont plus ni honneur ni courage, qu’ils méritent d’être asservis et qu’ils ne sont même plus dignes d’être défendus par une armée.
M. P.
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