Discernement

Un des objets sur lesquels les citoyens vaudois devront se prononcer le 30 novembre s’intitule sobrement «Octroyer le droit de vote et d’éligibilité aux personnes sous curatelle de portée générale en raison d’une incapacité durable de discernement». Il s’agit d’une modification constitutionnelle dont le Conseil d’Etat recommande l’acceptation. Le gouvernement vaudois y voit «une avancée importante pour les droits politiques dans le canton de Vaud» et, en outre, la possibilité «d’aligner pleinement le droit cantonal sur les engagements internationaux de la Suisse, notamment la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH)» ratifiée par la Suisse et entrée en vigueur le 15 mai 2014¹.

Sachant qu’une curatelle de portée générale – qui peut être levée en cas de changement de situation – est imposée à des personnes qui ont besoin d’aide pour toutes les circonstances de la vie, et que le discernement est la faculté de comprendre les choses, on voit mal où se situerait l’«avancée» annoncée par le Conseil d’Etat. Quant à l’alignement sur une convention onusienne vieille de plus de onze ans, il devrait pouvoir attendre encore quelques siècles.

D’ailleurs, il faut être cohérent: si des adultes incapables de raisonner sainement se voient octroyer le droit de vote, pourquoi les enfants ne pourraient-ils pas bénéficier du même privilège? Les enfants aiment bien faire des croix dans des cases. Pourquoi pas sur des bulletins de vote?

Je ne vois qu’une chose à dire en faveur de cette modification constitutionnelle: elle établirait l’égalité entre les personnes dépourvues de discernement sous curatelle de portée générale et les oligophrènes qui empoisonnent la vie de leurs concitoyens sous couleur de sauver la Planète, de châtier les riches, de défendre la démocratie, ou de préserver la santé publique.

M. P.

¹ Brochure explicative pp. 16-21.