Que de parents!

Fin septembre, avant même de consulter les cantons, le Conseil fédéral faisait savoir, «dans l’urgence à la suite d’une déclaration du conseiller fédéral Ignazio Cassis, en déplacement à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU», que le Conseil fédéral avait l’intention d’accueillir vingt enfants blessés escortés de quelque huitante accompagnants en provenance de Gaza1.

Apparemment, si M. Cassis ne s’était pas fait valoir à l’ONU, la communication aurait attendu un moment plus favorable et les cantons n’auraient pas été informés après coup qu’il était prévu de mettre à leur charge les frais médicaux et de logistique au cas où – on leur laissait tout de même le choix – ils se porteraient volontaires pour accueillir une partie des jeunes blessés et de leur huitante accompagnants.

Certains cantons ayant refusé leur collaboration, pour des raisons diverses, sécuritaires notamment – pourrait-il y a voir des terroristes du Hamas parmi les accompagnants? –, tout ce que la Suisse compte de cœurs humanitaires a exprimé son indignation. C’est ainsi que Mme Delphine Klopfenstein Broggini, conseillère nationale genevoise verte, déclare: «C’est d’une totale mauvaise foi. On parle d’enfants malades qui ont besoin de venir avec leurs parents. La question de la sécurité est un prétexte permanent pour ne pas aider.»2 Quant à Mme Sylvie Podio, autre verte, mais députée au Grand Conseil vaudois cette fois, elle s’étonne sur le mode gnangnan: «Il y a des autorités en Suisse qui ont peur d’une maman ou d’un papa qui accompagne son enfant dans un état de santé très grave à l’hôpital.»3

Je reproche souvent aux journalistes de ne pas savoir écrire. Me voici obligée de constater que deux politiciennes vertes ne savent pas compter. Comment expliquent-elles, en effet, ces belles âmes, que chaque enfant blessé soit doté en moyenne de deux pères et de deux mères?

Est-il absurde de se demander si tous les membres de ces nombreuses parentèles comptent passer l’entier de leur séjour au chevet des enfants hospitalisés ou si certains n’ont pas l’intention de se livrer à d’autres activités, peut-être délictueuses?

Il est normal que des enfants arrachés à leur milieu, même pour les meilleures raisons, soient accompagnés par quelqu’un qu’ils connaissent. Mais on pourrait réduire à vingt le nombre des accompagnants, à savoir un par enfant.

Cette solution présenterait l’avantage de libérer des sommes importantes, qui permettraient d’accueillir un plus grand nombre d’enfants blessés accompagnés chacun de son père ou de sa mère, voire d’un autre parent proche. En outre, elle inciterait peut-être les cantons réticents à moins de méfiance.

Mais nos conseillers fédéraux et nos politiciens de gauche n’ont pas le temps de faire appel à leur imagination et à leur bon sens.

Mariette Paschoud

 

1 https://www.letemps.ch/suisse/dans-la-confusion-la-suisse-annonce-l-accueil-d-enfants-blesses-de-gaza?srsltid=AfmBOor2mkBxcMD-9h0XN0fr2LKwO1iLISMZ2knXTHJe1Gb09fDLtb6G.

2 https://www.20min.ch/fr/story/de-la-mauvaise-foi-la-gauche-fustige-les-cantons-qui-refusent-les-enfants-de-gaza-103443295.

3 https://www.rts.ch/info/suisse/2025/article/accueil-d-enfants-de-gaza-en-suisse-divergences-entre-cantons-romands-et-alemaniques-29036952.html.

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