Editorial
Le 30 novembre prochain, les citoyens de notre beau pays sont appelés aux urnes pour décider du sort de deux initiatives populaires: la première dite «Pour une Suisse qui s’engage (initiative service citoyen)» et la deuxième dite «Pour une politique climatique sociale financée de manière juste fiscalement (initiative pour l’avenir)». Une fois n’est pas coutume, je vais traiter de ces deux sujets avec un peu d’avance, car il n’y a à peu près aucune chance que les débats futurs me fassent changer d’opinion.
En ce qui concerne la proposition de généraliser le service citoyen, le but des initiants est louable en ce qu’il vise à améliorer la cohésion sociale, lutter contre la tendance à l’individualisme et créer un système plus juste où tout un chacun, quel que soit son sexe, est soumis à l’obligation de servir la collectivité d’une manière ou d’une autre.
Cependant, l’initiative reproduit la même erreur que celle commise au moment de l’introduction du service civil, à savoir confondre besoin et équité. La seule raison valable d’arracher les citoyens à leurs familles et à leurs emplois est la sécurité de la population, soit les services militaire et de protection civile. Dans un monde où il n’y aurait ni guerres ni catastrophes naturelles, il n’y aurait pas lieu d’obliger les habitants à un service citoyen, qui suppose un coût élevé tant pour l’Etat que pour l’économie.
Lorsque l’on regarde le comité d’initiative, on est surpris de voir qu’il est composé de personnalités de tous les bords. Il est probable que chacune d’entre elles a sa petite idée du bénéfice qui pourrait être retiré d’une obligation de servir généralisée, et que ces idées ne coïncident pas entre elles.
Si l’on veut réellement prendre des mesures pour améliorer la cohésion de la Confédération, lutter contre l’individualisme et partager des expériences enrichissantes, on pourrait imaginer la création d’un mouvement scout fédéral obligatoire pour les jeunes à partir de dix ans. Mais là, on aurait sur le dos les antifas, qui ne manqueraient pas de faire des comparaisons avec les heures les plus sombres de notre histoire.
Quoi qu’il en soit, ce sera NON à l’initiative.
Passons maintenant à notre deuxième sujet. Sans surprise, ce sont les jeunes socialistes qui sont à l’origine de l’initiative «pour l’avenir». Comme je suis un vieux con rétrograde assumé, je peux le dire: le problème des jeunes socialistes est qu’ils cumulent l’ineptie d’une idéologie et la niaiserie de la jeunesse. De deux choses l’une: soit il s’agit de faire des effets d’annonce à but électoraliste sous la houlette du parti socialiste, afin de gagner les votes des marmots, soit il s’agit d’un vrai projet et, dans ce cas, on frise l’indigence mentale.
De quoi s’agit-il en bref? L’initiative prévoit de prélever la moitié du patrimoine d’une succession au-delà de 50 millions de francs, ce qui, selon ses promoteurs, permettrait de récupérer 6 milliards de francs par an, qui devraient être destinés à l’accomplissement des mesures nécessaires pour atteindre l’objectif climatique de 2050.
Ce que ces ânes bâtés n’arrivent pas à enfoncer dans leurs caboches, c’est que les personnes très fortunées ne sont pas prisonnières dans notre beau pays, et qu’à l’annonce de pareille mesure confiscatoire elles feront leurs valises et emporteront avec elles leurs revenus confortables, qui génèrent des entrées fiscales récurrentes. Ajoutons que des fortunes de plus de 50 millions impliquent souvent que la famille est propriétaire d’une entreprise, qui compte dans le patrimoine et qui devrait être démembrée ou vendue pour payer les impôts sur les successions. Il n’y a aucun doute là-dessus, l’acceptation de cette énormité impliquerait une baisse des recettes fiscales. NON, NON et NON. Et si on lance une initiative pour limiter les possibilités pour les partis de lancer des initiatives stupides et vouées à l’échec, je la soutiendrai.
Michel Paschoud
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