Du cuir d’autrui…
Des centaines de milliards de dollars appartenant à la Banque nationale russe – plus de 8 milliards sont déposés dans notre pays – ont été gelés dans le cadre des sanctions contre la Russie, reprises par la Suisse pseudo-neutre. Admettons.
Mais il est question maintenant de s’emparer de cet argent pour le verser à l’Ukraine à titre de réparation pour les dégâts causés par la Russie. En effet, le Conseil national et le Conseil des Etats ont demandé au Conseil fédéral de mettre en place un «mécanisme permettant, lorsqu’un Etat est agressé en violation du droit international, d’utiliser les avoirs de l’Etat agresseur pour le paiement de réparations à l’Etat agressé.»1
On ne contestera pas ici que la Russie ait attaqué l’Ukraine. Mais c’est aller un peu vite en besogne que de préjuger de l’issue de la guerre, de décider que la Russie sera vaincue et accablée, comme le sont toujours les vaincus, et de voler des fonds qui lui appartiennent, si gelés soient-ils.
Et même en partant de la certitude que la Russie va perdre cette guerre, est-ce bien le rôle du Parlement et du Gouvernement d’un pays prétendument neutre que d’organiser les modalités de pareil «transfert»?
Berne est-elle à ce point assoiffée de camouflets infligés par les Russes – dont la réaction a été menaçante – qu’elle donne à ces derniers une nouvelle verge pour la battre?
Que se passera-t-il si la Russie gagne la guerre?
M. P.
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