Pour un droit à l'information effectif

«Celui qui agit dans la vérité vient à la lumière, pour qu’il apparaisse au grand jour que ses œuvres sont faites en Dieu.»

Evangile selon saint Jean, ch. III, v. 21.

Vingt-cinq mille normes sont éditées chaque année à Bruxelles, dont certaines ont pour objet le nombre de battements par minute pour les essuie-glaces de voitures, la longueur des bananes ou la solidité des échelles! – Neuf millions quatre cent mille euros ont été votés par le Parlement européen pour l’agrandissement des studios fitness destinés à ses membres… – Deux cent vingt millions d’euros par an sont nécessaires pour les déplacements des parlementaires européens de Bruxelles à Strasbourg; cent vingt tonnes de documents les accompagnent… – Le Parlement européen dispose de sa propre télévision pour un budget annuel de neuf millions d’euros! – Les commissaires de l’Union européenne touchent durant trois ans après leur départ 40 à 65% de leur traitement mensuel de dix-neuf mille cinq cents euros…

Ce sont, parmi d’autres, des exemples d’aberration dispendieuse dénoncés par un cahier de l’ASIN (Action pour une Suisse indépendante et neutre) diffusé gratuitement par cette association et qui a pour auteur René Scheidegger. Le titre de cette étude se veut modéré: L’UE (Union européenne): la grande illusion. Ne serait-ce pas plutôt La grande débâcle ?

Si la Suisse peut à coup sûr servir de modèle de saine gestion financière publique à plusieurs pays de cette Union, cités dans l’étude de Monsieur Scheidegger, ainsi qu’à l’Union elle-même, on ne peut comprendre l’obstination des partis politiques de l’établissement à vouloir nous y faire entrer que par le désir de leurs membres influents d’accéder à des postes rémunérateurs pour eux-mêmes et aux dépens des intérêts bien compris de notre pays.

Dans ce sens, l’Union européenne peut servir de révélateur à un état critique interne à la Suisse: quoi qu’ils prétendent, les partis politiques dans leur majorité, loin d’être utiles à la démocratie directe, constituent pour elle un facteur de trouble et d’insécurité. Il faudra bien en conséquence en venir, pour assurer notre défense avec efficacité, à pénaliser des comportements politiques au titre de crime de haute trahison, si l’on veut maintenir, dans le débat démocratique lui-même, un minimum de sérieux, de sens des responsabilités et de loyauté dans les options idéologiques et politiques.

Un parti politique qui, sciemment, compte tenu des informations dont il doit pouvoir disposer, trompe les citoyens suisses par une propagande ouvertement mensongère ou dont le caractère tendancieux est de nature à dissimuler de vrais enjeux dans un choix politique, devrait être interdit et lourdement amendé. C’est là le prix équitable de la démocratie directe et de son respect obligé. L’impunité des options politiques a ses limites dans ce genre d’excès et de démesure budgétaire. Une répression analogue devrait pouvoir être engagée dans les mêmes conditions contre les grands moyens d’information, publics ou privés.

Le droit à l’information objective devrait aussi pouvoir être garanti par des conséquences pénales analogues en toutes matières où des critères de vérité irréfutables sont manifestement et intentionnellement, dol éventuel compris, ignorés. On songe ici à la question tendancieuse de la causalité humaine sur l’évolution climatique; mais aussi en matière religieuse, dès lors que l’Eglise catholique dispose d’un magistère qu’elle-même qualifie d’infaillible dans certaines limites, et d’une constitution divine absolument irréformable. Il ne devrait donc pas être possible à des évêques n’ayant pas été choisis par le pape de se dire catholiques, sauf à rejeter la légitimité des titulaires successifs de cette charge. De même, il ne devrait pas non plus être possible à des prélats de cette Eglise ou s’en réclamant, s’agirait-il même du premier d’entre eux, de persister à se dire catholiques tout en enseignant des doctrines infailliblement condamnées. Contrairement aux apparences, ce ne sont pas là des questions purement internes à une confession chrétienne particulière, car ces questions sont de nature à léser le droit à l’information de tous, droit portant sur l’identité de cette religion et sa cohérence par rapport à ses propres prétentions.

Il n’est pas contestable que l’Etat est habilité à protéger aussi en matière religieuse le droit des justiciables, puisque l’objectivité de l’information et sa vérité ont une incidence évidente sur la pratique effective et crédible de la liberté religieuse. Le mensonge démontré de dignitaires religieux constitue en soi une atteinte à la liberté religieuse quand il y a tromperie sur l’identité religieuse prétendue. Un tel mensonge devrait entraîner des sanctions pénales contre les principaux auteurs et responsables de ces tromperies astucieuses.

Michel de Preux

Thèmes associés: Ethique - Médias - Politique fédérale

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