Editorial
On parle beaucoup ces temps-ci du «milliard de cohésion» qui devrait sortir des caisses de la Confédération pour tomber dans celles de l'Union européenne. Le Conseil fédéral, semble-t-il, espère qu'un «signe de bonne volonté» de 1,3 milliard de francs – un tout petit geste, vraiment! – permettra de faire avancer le dossier des bilatérales.
On nous dit que «la Suisse veut verser 1,3 milliard de francs à l'Union européenne»1. En réalité, ce n'est pas la Suisse, mais le Conseil fédéral et les europhiles du Parlement qui veulent lécher les bottes de Bruxelles.
Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a paraît-il annoncé, lors de sa visite en Suisse, qu'il n'était pas venu chercher un cadeau, compte tenu du caractère unilatéral et souverain de la décision prise par le Conseil fédéral. Mais il ne s'est engagé à rien en ce qui concerne la progression des négociations sur les bilatérales. Un don sans contrepartie, n'est-ce pas précisément la définition d'un cadeau? Qui ce personnage, dont la légitimité reste à démontrer, croit-il tromper?
Ce «non-cadeau» viendra s'ajouter au total de 1,3 milliard de francs déjà versé par les contribuables suisses depuis 2004 au profit des pays de l'Est qui ont été admis au sein l'Union européenne. Comme ce nouveau pactole sera «non offert» en l'espace de dix ans, et pour autant que nos conseillers fédéraux renoncent à faire du zèle, ce sont 2,6 milliards qui, aux alentours de 2027, viendront en déduction des sommes qu'on pourrait consacrer, par exemple, à la réforme des retraites. Chère Union européenne! Ses beaux yeux les font mourir d'amour!
Cette opération sera sûrement excellente pour la cohésion nécessaire à la survie de l'UE. Mais on voit déjà poindre au sein d'une partie de la population helvétique un mécontentement qui ne fera pas de bien à la cohésion confédérale.
Qu'importe! La présidente de la Confédération Doris Leuthard a eu droit à un bisou du président de la Commission européenne. Que ne ferait-on pas pour pareil bonheur!
Mariette Paschoud
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