Bricoles

Vote étranger

Comme il fallait s’y attendre, l’octroi dans notre canton, à l’échelon communal, du droit de vote et d’éligibilité aux étrangers vivant en Suisse depuis au moins dix ans et domiciliés dans le canton de Vaud depuis au moins trois ans a donné des idées aux protecteurs patentés des malheureux immigrés privés de la possibilité démocratique, citoyenne et républicaine de glisser leur bulletin dans les urnes lors des votations cantonales; d’apporter leurs lumières dans l’hémicycle du Grand Conseil et, pourquoi pas, dans les réunions du Conseil d’Etat.

C’est ainsi que, le 18 janvier, le comité d’initiative «Vivre et voter ici!» a déposé à la Chancellerie d’Etat quatorze mille cent trente-trois signatures, soit deux mille cent trente trois de plus que le minimum nécessaire à l’organisation d’une votation sur le sujet. Nous voterons donc en 2011 ou en 2012.

Il paraît que, en cas de «oui», Vaud serait pionnier en Suisse. Les Vaudois auraient alors l’insigne honneur de montrer un exemple qui, à terme, conduira à l’octroi des droits civiques aux étrangers à l’échelon fédéral.

Deux questions :

- Les Vaudois établis à l’étranger y bénéficient-ils de droits démocratiques – trouve-t-on, par exemple, des Vaudois dans les conseils des villes africaines ou asiatiques ?

- Pourquoi les étrangers établis en Suisse depuis au moins dix ans, c’est-à-dire souvent plus, ne pourraient-ils attendre encore un peu pour demander la naturalisation qu’il peuvent obtenir au bout de douze ans de séjour sur le sol helvétique?

Evidemment, la citoyenneté suisse implique non seulement des droits, mais aussi des devoirs…

Bonheur

Les Vaudois ne sont pas les seuls candidats à la qualité de pionniers. Trois députés écologistes d’Argovie viennent de lancer une initiative cantonale visant à ce que le bonheur soit enseigné dans les écoles supérieures et professionnelles argoviennes. Ils pensent en effet que les gens concernés par le bonheur et la chance sont souvent bien plus efficaces que les autres à l’école ou au travail. Quelle clairvoyance!

On pourrait croire que le bonheur est avant tout affaire de hasard ou d’optimisme. Eh bien ! Pas du tout: le bonheur est une notion qui exige des compétences particulières, lesquelles peuvent être enseignées dans des cours à option.

On ne nous dit pas si les professeurs de bonheur devront suivre une formation et prouver qu’ils sont eux-mêmes particulièrement et constamment heureux. On ne nous dit pas s’ils seront licenciés ou suspendus au cas où quelque malheur s’abattrait sur leur tête. On ne nous dit pas non plus le pourquoi de cours à option, alors que, dans une société qui se respecte, le bonheur devrait être obligatoire.

Pauvres gosses

«Il avait une vingtaine d’années; il est mort dans une accident de scooter au petit matin. Deux autres jeunes étaient hier soir entre la vie et la mort. C’est la triste issue de la poursuite du trio par des policiers municipaux à Woippy, dans la banlieue de Metz.» Ainsi commence un communiqué AP/AFP publié le 21 janvier par 20 minutes. Nous sommes, c’est évident, invités à pleurer très fort sur ces jeunes vies innocentes perdues ou en péril par la faute d’une flicaille brutale et obtuse.

Bien sûr, personne ne saurait se réjouir de la mort d’un être jeune et promis à un bel avenir ou des graves blessures de ses compagnons. Mais il faut tout de même considérer les faits: il n’est pas anormal que trois jeunes gens qui roulent tous feux éteints, sans casques, sur un seul scooter, au milieu de la nuit attirent l’attention des policiers qui passent par là. Il n’est pas tout à fait anormal non plus que ces derniers les prennent en chasse en sommant le conducteur de s’arrêter. Il n’est pas vraiment étonnant que celui-ci, compte tenu de son chargement et de sa hâte à prendre la fuite ait manqué un virage et percuté un poteau avec les conséquences désastreuses que l’on sait.

A la suite de l’accident, une marche silencieuse a été organisée en l’honneur de Malek, Josua et Nabil. Le silence n’a été interrompu que par quelques jets de pierres contre des gendarmes et quelques incendies de voitures et de mobilier urbain. Les pompiers n’ont pas osé intervenir…

Les voyous!

Dans l’«affaire» Béglé, deux choses m’ont particulièrement indignée: les photos parues dans la presse et les manœuvres qui ont précédé le départ du président du conseil d’administration de la poste.

Les journaux que j’ai lus n’ont publié quasiment que des clichés montrant un homme à la bouche tordue ou à la lippe méprisante. Or on sait l’impact qu’ont les photos sur le lecteur non averti. Ces photos condamnaient Claude Béglé aux yeux du public bien plus sûrement qu’une litanie de critiques méritées ou non. C’est une méthode ignoble.

On a appris le 21 janvier que le conseiller fédéral Moritz Leuenberger avait entamé dès le début de l’année des démarches en vue de dénicher un successeur «potentiel» à Claude Béglé, dont la démission n’a pourtant été annoncée que le 19, et que le nouveau président du conseil d’administration de la poste Peter Hasler avait été approché le 11 janvier déjà. Certes, gouverner c’est prévoir, mais il y a la manière: choisir le successeur d’un subordonné en même temps qu’on affirme publiquement lui conserver toute sa confiance est inqualifiable, même de la part d’un politicien.

Selon mon quotidien habituel, Leuenberger et Hasler auraient des vues identiques «sur les relations entre l’éthique et l’économie».

On préférerait une identité de vue sur les relations entre l’éthique et la décence.

Egalité

Le Conseil fédéral a un gros, gros souci: il y a des resquilleurs qui écoutent la radio et regardent la télé sans payer la taxe radio-TV. Il faut donc mettre un terme à cet abominable état de choses.

Toujours imaginatifs et créatifs, les sept «sages» ont trouvé une formule du tonnerre: faire payer la taxe à tout le monde, et tant pis pour les dinosaures qui refusent le progrès radio-télévisuel. Tous égaux devant la taxe! Tel est, semble-t-il, le mot d’ordre.

Moi, je trouve ça inique, les communistes du POP aussi. Nous serons donc d’accord pour une fois.

L’ineffable Moritz Leuenberger, «ministre» de la communication socialiste, trouve ça épatant, lui; évidemment, puisqu’il s’agit de taxer! Très intelligemment, il compare la nouvelle ponction à la taxe sur l’élimination des ordures que tout le monde paie. Il croit apparemment qu’il existe des gens qui ne produisent pas d’ordures et se font une joie d’acquitter la taxe par solidarité!

Pourquoi ce type ne se décide-t-il pas à prendre un retraite mal méritée?

M.P.

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